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POÉSIE. SONNETS. I. LE LABOUR. L'Aurore au pied rosé s'avance sur la plaine ; Laboureurs qui dormez, c'est l'heure ; il faut partir : Le vigilant ramier se baigne à la fontaine ; L'alouette, en chantant, revient vous avertir. Retournez le sillon ; enfouissez la graine, —J'aime ce pas des bœufs qui bruit sans retentir.— L'hiver viendra bientôt ; mais, la saison prochaine, Vous cueillerez l'épi d'où le pain doit sortir. A l'œuvre, vous aussi, laboureurs de la vie ; Cachez au brun sillon votre plus douce envie : Votre espoir de grandir, votre besoin d'aimer. Sans doute, quelques-uns verront leur rêve éclore ; Mais, pour d'autres, en vain l'Aurore suit l'Aurore, Ils ont semé leur cœur, mais rien ne doit germer.