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462 LÉGITIMISTE, CHRISTIANISME litique éteinte, vous lui faites, dis-je, une concession qui est heureu- sement fondée sur une fausse interprétation du dogme catholique ; car, sans cela, elle serait bien près d'entraîner les conséquences même que vous combattez. « La théorie légitimiste, dites-vous, repose tout entière sur cette donnée empruntée au Catholicisme, que la liberté, dans l'homme, n'est que vanité et affliction d'esprit ; qu'elle est absolument inca- pable de produire le bien par elle-même ; qu'elle aboutit infaillible- ment à l'antagonisme, à la division, à la guerre d'où il suit que la liberté, inclinant naturellement au mal, il a été nécessaire qu'elle fût redressée par l'intervention surnaturelle du Christ, et il est nécessaire qu'elle soit chaque jour secourue par cette intervention devenue per- manente qui s'appelle la Grâce ; d'où il suit encore que toute liberté a besoin, non seulement d'un lien religieux, mais encore d'un lien poli- tique extérieur et indépendant.... et les rois,appelés à dirig r les na- tions, à rendre la liberté féconde, sont véritablement les Christs des nations, comme Bossuet les a d'abord appelés. » Véritablement, si c'est là ce qu'il faut entendre par Catholicisme, il est clair que ce Catholicisme-là est consanguin du Royalisme de M. . Laurentie, ou plutôt qu'il le porte dans ses flancs comme une mère. Mais, ne fallait-il pas chercher, avant tout, si un nom auguste n'avait pas été profané par son application à une doctrine fausse et impie ? Dans quel interprète de la vérité sacrée a^-t-oh pu reconnaître, Mon- sieur, que la liberté morale de l'homme a ces caractères que lui at- tribue M. Laurentie ? La liberté, c'est, au contraire, la racine de l'homme. Dé même que la révélation n'éclaire que parce qu'elle sup- pose la raison, la grâce ne meut que parce qu'elle suppose la liberté. Ainsi, la liberté n'est pas cette chose mauvaise que l'à vènemènt du Christ sur la terre est venu refaire, et que, toute refaite qu'elle est, l'intervention de la grâce vient continuellement secourir. Elle esl l'homme, en tant qu'homme, c'est-à -dire impuissante et inefficace en soi, mais s'illuminant et fructifiant sous le rayonnement du secours divin. Je ne veux dire ici, Monsieur, que ce qu'il y a de plus clair et de plus simple. Le problême de la grâce ou de l'inspiration a tour-à -tour occupé les théologiens et les philosophes sous des noms divers ; car la philosophie a ses mystères parallèles à ceux de la foi et non moins impénétrables. Eh bien ! parmi les théologiens orthodoxes, il en est qui, balançant les deux mobiles, ont plus ou moins accordé, ceux-ci à l'un, ceux-là à l'autre. Mais, les droits de la liberté ont sans cesse été