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 454               DE L'ORGANISATION ADMINISTRATIVE

  set, si heureusement modelé par la nature, les diverses migrations
  des peuples se sont-elles mieux et plus vite mélangées et fondues.
     11 en est sorti, cette imposante figure de, la France, coulée d'une
 pièce comme le bronze, et dont la masse solide peut défier les plus
 violentes secousses.
    Nos écrivains les plus célèbres ont tracé d'une main vigoureuse
 l'histoire de l'unité de la France, depuis sa formation embryonnaire
jusqu'au plus haut point de son développement.
    Dans ce long travail, où les éléments primitifs de la nationalité
 tendent à se grouper, comme par une affinité naturelle, s'il est diffi-
 cile de distinguer nettement la cause des effets, d'assigner aux faits
 leur ordre d'impulsion , la prépondérance de leur force, on voit
 néanmoins l'arbre grandir, s'élever, jeter tout à la fois ses profondes
racines dans le sol national et ses rameaux vigoureux dans l'espace.
 La foi chrétienne peut, à bon droit, revendiquer une large part de la
nationalité française ; son baptême a confondu le vainqueur et le
vaincu ; elle a miné le droit féodal ; elle a poussé à l'unité monar-
chique pour arriver peut-être à l'unité catholique, dans l'ordre tem-
porel aussi bien que dans l'ordre spirituel.
    Le pouvoir monarchique, à son tour, a cherché à façonner l'unité
nationale à son profit. Et, un jour, l'orgueil de Louis XIV put s'é-
crier: VEtat, c'est moi ! Il tenait dans sa main tous les ressorts de la
puissance d'un grand peuple. Comme le soleil, dont il avait pris les
vaniteux emblèmes, du haut de sa grandeur, il éclairait à une profon-
deur immense cette nation qui, dans le silence, travaillait sans cesse
à ourdir la rude toile de son unité et de son affranchissement.
    Le pouvoir monarchique avait pu réussir à s'emparer de toutes les
forces nationales ,. il avait constitué la centralisation du despotisme;
mais il n'avait fondé qu'une nationalité basée sur l'inégalité, le privi-
lège, où les droits étaient pour quelques-uns et les charges écrasantes
pour, des populations énervées par l'impôt, ruinées par les spoliations
et les fiscalités.
   Il y avait des pays, d'état, qui jouissaient de certaines franchises :
pour l'impôt, on comptait des provinces franches, des provinces ré-
diimes, des provinces de grandes et petites gabelles, des provinces
de quart-bouillon.
   Certaines provinces étaient fermées par des douanes ; d'autres pos-
sédaient la libre pratique : le tarif de ces douanes présentait les di-
versités, les plus bizarres.
   Ça et là, résistaient à l'absorption centrale de la royauté quelques