Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                 CHKONIÛUE LOCALE.                                     443
 nous qui critiquerons le général Gémeau à l'occasion de son bal ; sans être de ceux
  I 1 " affectent une confiance aveugle en l'avenir, nous avons cette faiblesse de ne croire
 1,1
       a la fin de la civilisation, ni à la fin du monde. Notre républicanisme ne va
 Pas non plus jusqu'à nous faire haïr les fleurs et les rubans ; car notre idéal n'est pas
 du brouet noir au fond d'une écuelle de faïence.
       Nous sommes bien plutôt disposé à féliciter le général de sa galante initiative,
  qui a pour nous le mérite d'un acte de courage, car, enfin, le général a le courage
 de faire danser à la barbe du Socialisme, ce qui nous semble encore plus dangereux
 que de danser sur un volcan. On se souvient pourtant que M. Salvandy trouvait ce
 dernier exercice passablement téméraire. Mais rien n'a arrêté le général ; il sait
 lue le Socialisme enfermé dans la cage de l'état de siège dont il a les clefs, ne
 ' e i'a pas même entendre le plus léger grincement de dents ; il verra, sans s'irriter,
 s
     agiter devant lui, à travers les barreaux, l'ironique drapeau du plaisir, et il enten-
 dra sans s'émouvoir les fanfares des nuits joyeuses.
  Le bal du général Gémeau, comme témoignage de la sécurité que les circonstan-
ces présentes lui inspirent, sera d'un bon effet moral, et mérite qu'on s'en prévale
comme d'un acte politique. Qu'est-ce qu'une bataille perdue, demandait Joseph de
Maistre à un miîitaire aguerriP C'est, n|>ondit le militaire, une bataille qu'on croit
perdue. Le général Gémeau aura fait une réflexion semblable et il se sera dit : plutôt
que d'avoir l'air de toujours trembler, ne serait-il pas plus habile de se montrer ras-
suré et confiant ?
    Si, comme nous avons tout lieu de le penser, c'est cette cousidération qui a sug-
 géré au général l'idée de donner un bal retentissant, — et nous avouons que, dans la
 très haute position que le général occupe, il nous serait difficile d'admettre qu'il nVût
 pas mesuré toute la portée politique et morale de la fête qu'il prépare — nous nous
 permettrons de lui adresser les humbles remontrances suivantes: «