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43(> HARMONIES ÉCONOMIQUES. La méthode économique n'a jamais proclamé la sainteté de l'é- goïsme, pas plus qu'elle ne s'est montrée optimiste pour le passé et pour l'avenir. Elle a cherché à déduire des lois, des principes, des rapports du fait complexe du travail humain ; elle a tenté d'é- lever d'abord une physiologie de la production et de la consomma- tion , mais sans nier le mal et sans aborder l'étude des moyens curatifs. La différence entre le Socialisme et l'Economie politique provient de ce que celle-ci pense que, dans le travail de l'homme, il peut y avoir des déviations et des aberrations, mais, qu'au fond, le prin- cipe du travail humain ou de l'appropriation, sur lequel repose la société, est une loi providentielle, naturelle, et contenant en elle- même le développement progressif de l'humanité. Le Socialisme essaie de démontrer que la base de la société est mauvaise par elle-même, et, qu'au lieu d'essayer des restaurations prudentes, des aménagements meilleurs, il faut prendre l'édifice par la base, le démolir pierre à pierre, sauf après à s'entendre sur le plan d'après lequel on reconstruira. M. Proudhon, à son tour, range la doctrine économique au rang des vieilles machines disloquées et boiteuses, dont cependant on peut prendre encore quelques montants bien éprouvés, pour en tirer parti dans un appareil dont il trace lui-même le dessin. Quant au Socialisme, ce n'est qu'une épure fantasque , bizarre, folle, monstrueuse, qui n'a de valeur que comme critique, et de la- quelle, cependant, on pourrait faire jaillir une lueur utile. Ainsi, l'Economie politique est la thèse, le Socialisme Yantithèse de cet antagonisme de rapports, de cette antinomie. M. Proudhon veut en déduire la synthèse ou la loi supérieure, qui absorbera la contradiction. Il faut reconnaître que ce disputeur scholastique, dans l'examen qu'il fait à la loupe des propositions émises par les écrivains écono- mistes, en découvre parfois que la science doit condamner, de même que, des divers systèmes socialistes il a démontré, avec une grande puissance de logique et de vérité, tout le faux, tout le vide, toute l'incohérence et l'absurdité. Mais, quand il faut conclure et développer la merveilleuse SYN- THÈSE, il aboutit à des conceptions non moins stériles, non moins vides, non moins impossibles que tout le chaos du Socialisme. Et, pour conclusion dernière, l'apôtre nous jette ces paroles de paix et de charité :