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                        DE GRENADE A MALAGA.                         417
   Mon homme me tira par la manche, et me dit : Allons souper, ca-
 ballero....
   Le lendemain matin, je demandai à notre corsario, qui faisait seller
 nos chevaux :
   — A-t-on arrêté l'assassin?
   — Ah! bien oui. Il a gagné la montagne, le pauvret! que Dieu le
 garde !
   — Mais sait-on pourquoi ce meurtre ?
   — Oh ! oh ! affaires d'amour, cavallero.
   — Et que signifiait donc celte tresse de cheveux autour de la na-
 vaja ?
   — C'étaient les cheveux que sa fiancée lui avait donnés. Quand il l'a
retrouvée mariée à un autre, comme il ne voulait rien avoir de ce qui
ne lui appartenait pas, il les a rendus à son mari.
   — Et le mari, est-il mort ?
   — Pas encore, caballero.
   — Le médecin espère-t-il le sauver ?
   — Le barbier dit qu'il ne va guère mieux, mais qu'il le sauverait tout
de même, s'il ne lui était pas resté dans le cœur la pointe de la navaja.
Elle s'est cassée dans la blessure malheureusement. Sans ça.... voilà
ce que c'est que les mauvaises lames.
   — Oh ! si ce n'est que ça, lui dis-je, il peut se rassurer.
   — Cela n'empêche pas que si le barbier d'Aljama le tire de là, il
pourra bien se dire le plus savant barbier de l'Espagne. Vamonos !

                                                     J. B.