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LA CONSTITUTION. 367
n'existent que par elle. Un vote contre la Constitution est donc évi-
demment un vote révolutionnaire ; et, faire de la révolution, un bul-
letin à la main, dans une assemblée, c'est un fait de môme nature que
faire de la révolution, un fusil à la main, dans la rue. Nous nous trom-
pons ; ce dernier crime serait beaucoup plus excusable, car 0 pour-
rait ne pas entraîner l'abus d'un pouvoir confié, et la violation d'un
serment proféré.
Voilà ce qui fera toujours échouer, nous l'espérons, toutes ces fan-
faronades anti-constitutionnelles, ces velléités sans cesse renaissantes,
mais sans cesse impuissantes, ces projets qui n'aboutissent pas, ces
rumeurs qui se perdent en l'air. Il nous semble voir des charges d'une
cavalerie irrégulière, arrivant avec grand tapage sur l'objet menacé.
Tout va céder ; tout va être emporté. Mais point. 11 se trouve là un
fossé, un obstacle inconnu. La horde assaillante tourne bride et s'en-
fuit, toujours revenant, toujours rencontrant le même obstacle et tou-
jours se retirant. C'est ainsi que les partis hostiles à la Constitution
ont fait vingt charges sur elle ; mais, arrivant au bord du fossé,
tous l'ont trouvé trop large et trop profond ; aucun n'a osé s'élancer
résolument pour le franchir.
Entendons-nous- On a crié souvent à la violation de la Constitution.
Sans vouloir aborder ici une matière difficile et périlleuse, nous dirons
que bien des questions, à notre avis, ont été résolues dans un sens
contraire à l'esprit et même au texte bien interprété de la loi consti-
tutionnelle. Cependant, les hauts pouvoirs de l'État prendraient pour
un outrage que l'on dit qu'ils ont entendu porter atteinte à cette loi
fondamentale. 11 en est de ceci comme de la loi civile, qui ne perd pas
sa force, pour être mal interprétée par le tribunal qui l'applique. Une
mauvaise interprétation est un cas particulier, comme un mauvais
jugement ; mais elle ne détruit pas la loi ; au contraire, elle la suppose
et lui rend hommage- Après tout, que disons-nous ? que les partis
hostiles n'ont pu parvenir à renverser la Constitution, non pas qu'ils
n'aient pu arriver jusqu'à ses limites, pas même qu'ils n'aient pu l'é-
brécher en quelque sorte, comme un rocher qui arrête la fougue du
torrent reçoit cependant l'empreinte des eaux qui le frappent. Mais,
était-ce là tout le but des partis ? Il nous parait évident qu'un tel ré-
sultat ne saurait les satisfaire, et qu'ils ne s'arrêtent pas, dans leurs
vues et dans leurs espérances, à un sens plus ou moins étroit, plus
ou moins restrictif. Il ne leur suffit pas de gratter l'édifice, ils ne se-
ront contents que lorsqu'ils l'auront mis à terre- 11 leur faut une toute
autre disposition des pouvoirs, le renversement de celte base sur la-