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                       CHRONIQUE LOCALE.




   M. le général Gémeau a, par un arrêté du dix décembre, suspendu le Censeur. ()n
s
  expliquait, après l'émeute de Juin, la suspension décrétée contre ce journal ; mais
•1 est plus difficile de s'en rendre compte, aujourd'hui, en pleine paix, alors que
lout le monde peut constater non pas la surexcitation, mais bien plutôt l'affaiblisse-
ment de l'esprit public. Pour savoir ce qu'on pense de la mesure qu'il a prise, M. le
général Gémeau n'a qu'à recueillir les jugements qu'on en porte dans les cercles les
""oins favorables au Censeur. Le premier devoir des autorités, et surtout des auto-
rités investies de pouvoirs extraordinaires, est de ne pas se laisser circonvenir, et,
ce devoir, on peut le rappeler aux hommes les plus honnêtes, comme aux plus ca-
pables.
    Il est, en outre, de toute évidence que, si le territoire de la 6 e division militaire
 reste ouvert aux journaux de Paris, beaucoup plus avancés que le Censeur, comme
au National, à la Presse, à la Reforme, à la Voix du Peuple, etc., la suspension est
''logique et illusoire.
    II faut ensuite se bien persuader que toute mesure qui n'est pas en rapport avec
 nos mœurs politiques, qui dépasse son but, loin de servir l'ordre, lui est nuisible
 tôt ou tard. L'arbitraire — et l'étal de siège, c'est l'arbitraire légal, — n'a qu'une
manière de se faire excuser, c'est d'agrr de façon à ce qu'on ne s'aperçoive pas
qu'il existe, de façon à ne pas blesser le sentiment public.
    Nous ne pouvons donc croire que la suppression du Censeur soit de longue durée.
   — Nous venons de lire, affichée sur les murs de notre ville, le proclamation du
 Commissaire extraordinaire M. de la Coste. L'étonnement a été le sentiment général
qu'elle a provoqué ; elle nous a rappelé le bon temps des Commissaires de M. I.edru-
Rollin ; eux aussi nous parlaient de la nécessité où nous étions d'ouvrir largement
nos bourses,et, comme M. de la Coste,ils murmuraient le mot de salut public. Toute-
fois, si les commissaires de M. Ledru-Rollin étaient aussi exigeants que M. de la
Coste, ils étaient moins familiers. Il règne dans son affiche un sans-façon épislolaire
'rès-piquant.
   Nous ne serions pas fâchés, soit dit en passant, de savoir ce que nous présage et
ce que veut dire cet avertissement détenir nos escarcelles toutes grandes ouvertes
pour mesure de saltil public.