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.Vi6                    CHRONIQUE MUNICIPALE.

     La Commission, et les membres du Conseil qui n'ont pas voté avec
 elle, n'ont pas pris garde que la proposition les plaçait en flagrant
 délit de contradiction. Voici comment : en principe, le cens électoral
 est aboli, c'est le suffrage universel qui règne. La condition imposée
 au citoyen, c'est d'être domicilié dans la commune. Mais, en admettant
 à voter encore une fois, deux fois, trois fois, l'électeur qui possède
 quelque chose dans une ou plusieurs communes autres que celle où
 il est domicilié, on rétablit évidemment le cens, puisque l'électeur ne
pourra exercer ce vole multiple qu'à la condition d'être imposé dans
 ces communes.
     On pose ainsi un principe sage, et on en fausse immédiatement
 les conséquences.
    Sans doute, les auteurs et les défenseurs de la proposition n'ont pas
 voulu arriver à ce résultat. Mais, entraînés par une idée qui n'a de
juste que l'apparence, ils ont trop facilement cédé à l'attrait que cetle
idée offre tout d'abord. Ils se sont dit que toute charge suppose un
 droit, que tout intérêt donne une action, sans prendre garde qu'en
raisonnant ainsi, ils faisaient de l'électeur un homme livré aux étroits
calculs de l'égoïsnie, agissant toujours par pur intérêt personnel et
jamais pour le bien public. Bien que réduites à un rôle d'administra-
tion intérieure, sous le contrôle et presque la dépendance du gouver-
nement ( situation qui, nous l'espérons, changera par la force même
des choses), les communes ont, au point de vue politique, une valeur
et une portée qu'il est impossible de méconnaître.
     Nous dirons, avec un publiciste contemporain (M. E. de Chabrol),
que les municipalités sont à l'Etat ce que les familles sont à la so-
ciété. Là se trouve le principe de la source première de toute vie pu-
blique.
    La Commission a été plus heureusement inspirée en proposant l'ar-
ticle 9, ainsi conçu :
     • L'électeur sera tenu, sous peine d''amende, de concourir à Vélec-
     <
 tion, à moins qu'il ne justifie d'un empêchement légitime. »
     Tous les hommes honnêtes, à quelque parti qu'ils appartiennent,
 chez lesquels l'amour de la patrie a conservé sa généreuse ardeur, gé-
 missent depuis longtemps de l'indifférence coupable qu'on remarque
 dans l'exercice des devoirs de citoyen. Cette indifférence, si elle n'é-
 tait combattue, mènerait droit au découragement, et de là à la perte
 des libertés publiques, il n'y aurait qu'un pas à faire. A l'égoïsme,
 qui est le vice des indifférents, il faut opposer l'intérêt, qui est leur
  mobile. Pour galvaniser ces corps inertes, les faire mouvoir et les