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                  DU RÉGIME MUNICIPAL EN FRANCE.                          315
 forces intelligentes, organisées, intéressées à le défendre, et fondé,
 par le développement du régime municipal, le gouvernement le plus
 fort, à l'intérieur, de tous les Etats européens ; car, par sa seule in-
 fluence morale, il a su prévenir les révolutions.
    Les esprits les plus éminents sentent bien que, c'est dans le déve-
 loppement du régime municipal, qu'est le salut et l'avenir de la pa-
 trie. Voici comment M. Guizot lui-même s'exprime à ce sujet, dans
 son ouvrage récent de la Démocratie en France •.
    •' La centralisation a rendu d'immenses services à la France ; mais
 le temps de sa souveraineté est passé           Partout attaquées, il faut
qu'avec la propriété et la famille, toutes les bases de la société soient
 partout fortement défendues. Et, c'est trop peu, pour les défendre,
 que des fonctionnaires et des ordres venus du centre même soutenu
 par des soldats. 11 faut que partout les propriétaires, les chefs de fa-
 mille, les gardiens naturels de la société soient mis en devoir et en
 mesure de soutenir sa cause ; en faisant ses affaires, qu'ils aient leur
 part, une part effective d'action et de responsabilité dans le maniement
 des intérêts locaux comme de ses intérêts généraux, dans son admi-
 nistration comme dans son gouvernement. Partout, le pouvoir cen-
 tral doit tenir le drapeau de l'ordre ; nulle part, il ne peut à lui seul en
 porter tout le fardeau. »
    Mais, qu'on y prenne garde, que l'on ne fasse pas, comme l'illustre
 ministre de Louis-Philippe, qui n'a vu la vérité qu'à la lueur du coup
 de tonnerre qui l'a précipité du sommet du pouvoir, lui et la dynastie
 dont il était le plus ferme appui. Il est temps de s'occuper des véri-
 tables réformes qui, seules, peuvent rendre la paix à la nation, en don-
 nant un élément et une sphère aux activités qui, sans direction et sans
but, s'apprêtent à se déchaîner encore. Ce n'est que par une sage
 réorganisation gouvernementale, que l'on détournera les esprits des
 révolutions sociales qu'ils rêvent.
    Depuis la proclamation de la République, c'est-à-dire de la souve-
 raineté du peuple exercée par le suffrage universel, qu'avons-nous fait ?
 Rien. Nous nous agitons dans une tourmente stérile, pleine de trouble
et d'inquiétude, parce que les chefs de l'Etat sont sans but et ne savent
 ce qu'ils veulent. Tous les partis qui sont au pouvoir ou qui en ap-
prochent, ne sont préoccupés que du succès de leur ambition. Au-
cun n'a compris que le seul moyen de réussir était de faire exclusive-
ment les affaires du pays, en s'oubliant lui-même.
    Ni la résistance contre ce que l'on appelle les ennemis éternels de
l'ordre social, ni même la solution du problème de l'équilibre du bud-