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DU IiÉGlME MUNICIPAL KN FRANCE. 313
après les autres, parce qu'ils n'ont pas réalisé ce qu'il espérait, le gou-
vernement de l'ordre et de la liberté.
C'est que nul gouvernement ne sera solide que lorsqu'il sera basé
sur le peuple lui-même. Quand chaque membre de la famille sociale
participera à l'administration des affaires publiques , comme à ses
propres affaires, les vertus civiques seront: faciles, le patriotisme uni-
versel et énergique ; l'homogénéité de la société et sa sécurité sont à ce
prix.
Qu'arrive-t-il avec notre centralisation ?
Le gouvernement, placé sans intermédiaire en face des citoyens, est
nécessairement despotique et comme étranger dans le pays. Il faut des
corps intermédiaires qui distribuent la vie dans la nation, dans les-
quels les citoyens de chaque commune et de chaque département se
groupent, agissent, pensent, se meuvent, et qui servent de liaison en-
tre le gouvernement et les individus. Ce n'est que dans la famille que
l'individu peut devenir homme, et ce n'est que dans la commune et
dans le département que l'homme peut devenir citoyen.
Après avoir étudié l'histoire du régime municipal en France, depuis
la révolution jusqu'à nos jours, et après en avoir déduit de grandes le-
çons, en démontrant que l'instabilité effrayante de nos gouvernements
venait de ce que, pour vouloir être trop forts, ils étaient isolés du pays
sur lequel ils n'avaient pas voulu s'appuyer, M. Molroguier cite un
exemple récent de la puissance salutaire de l'esprit municipal. Lais-
sons-le parler :
« L'explosion de notre révolution de Février a été, dans toute l'Eu-
rope, un effroyable coup de tonnerre. Jusque là , les étrangers contem-
plaient avec admiration ce règne heureux de dix-huit années, que les
obstacles même avaient consolidé. Ils voyaient la dynastie imbue de
l'esprit nouveau, identifiée dans le pays, pleine d'avenir, nombreuse;
fortifiée par de grandes alliances ; la nation rajeunie, redoublant de
vigueur et d'activité, fécondant ses entreprises, accumulant ses ri-
chesses ; les partis, mieux dominés à mesure qu'ils se relevaient, la
paix, mieux assurée chaque fois qu'elle semblait se rompre, ces résul-
tats merveilleux, obtenus dans les épreuves les plus difficiles, étaient
reportés à la haute sagesse, à la prudence consommée de Louis-Phi-
lippe. Les souverains voyaient en lui le Nestor qui conjurait les révo-
lutions et maintenait la paix. »
« La chute si inattendue, si prompte, d'un monarque qu'ils croyaient
la colonne de la sécurité européenne, les prit au dépourvu, et les para-
lysa de surprise, en même temps qu'elle lâcha le torrent des révoltes. »