page suivante »
29'2 CHRONIQUE MUSICALE. vous en voulez profiter. Avec deux lignes d'explications, vous allez vous créer cin- quante comptes-rendus vivants et babillards qui, tout fiers de pouvoir nommer par son nom ce qu'ils ont admiré, rempliront nos salons de dissertations sur la grave majesté des vieux symphonistes italiens, sur le germanisme mitigé de Mozart, la fougue impétueuse de Violti, etc., etc. Plus un concerto porte une signature ignorée, plus ils seront jaloux de faire preuve d'érudition en cherchant à le réhabiliter.— Croyez-m'en ; semez des programmes, vous ne tarderez pas à récolter des pros- pectus. — M lle Lavoye ne s'est point mal trouvée de raviver,par un changement d'emploi, la sympathie de ses admirateurs.Le cothurne sied aussi bien à son pied mignon que le léger brodequin de vivandière. Les Huguenots ont surtout fait ressortir les coquettes distinctions dont son chant et son jeu pétillent. Mais quoi ! toujours ces éternels chefs- d'œuvre, en cinq actes, qu'on sait par cœur! Qu'importe que Paris soit désormais à vingt-six heures, si l'Opéra reste encore à deux ans de nous ? Robert Bruce, le Pro- phète ! le Prophète ! Faudra-t-il donc toutes les lamentations de Jérémte pour l'ob. tenir? — Le Jardin-d'Hiver déploie toujours le même zèle : et nous continuons aussi à suivre ses représentations avec le même empressement.... sur l'affiche. Madame Allard-Blin est cependant une agaçante personne, une agréable chanteuse de ro- mances. Mais, veuillez m'excuser, ami lecteur, de vous renseigner si mal à son su- jet. Pour raison de santé, et par crainte de migraine, mon médecin continue à me défendre d'approcher de trop près l'orchestre de ce local. Et ma foi ! s'il faut tout dire, cela vaudrait-il bien la peine de m'exposer à perdre la bonne place d'où je puis |0ut à mon aise savourer, sans en perdre un seul, les lazzis de notre Guignol , et ses homériques coups de bâton ? DD. LÉOW BoiTtL , gérant.