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                         INSTALLATION

       DE LA MAGISTRATURE DE LYON.




    Paris a eu sa fête dé la magistrature, comme l'a appelée M. Dupin ,
Lyon a eu la sienne.
    Le dix novembre, tous les magistrats de la Cour d'appel et du Tri-
bunal de première instance, les Présidents et Procureurs de la Répu-
blique de tout le ressort ont entendu une messe du Saint-Esprit, dans
la cathédrale. C'est Monseigneur de Bonald qui officiait.
    Après la messe, tout le monde s'est rendu dans la salle des assises,
au Palais de Justice, et là M. Gilardin, procureur général, a prononcé
un discours qui pourrait s'intituler : Examen général du Socialisme.
    Comme écrivain, M. Gilardin a droit aux éloges ; c'est une plume
très-élégante, nous dirions presque trop élégante dans la main d'un
procureur général. Les muses ne sont décidément pas brouillées avec
l'austère déesse de la Justice, et les penetralia sacra du palais de la
place de Roanne ne leur font pas peur.
    Le discours de M. Gilardin a été plutôt une série de considérations
variées, de petits discours très-étudiés, cousus à la suite les uns des
autres, qu'une œuvre de critique inspirée par une pensée-mère. Sans
-entrer dans l'appréciation de ce discours, nous ne pouvons nous empê-
cher de regretter, pour notre part, l'oubli où M. Gilardin a cru devoir
laisser la République et tout ce qui s'y rattache. C'est aujourd'hui un
mot d'ordre, dans le monde officiel, de traiter la République comme si
 elle n'existait pas ; c'est encore un mot d'ordre de déclamer contre la
 Révolution, contre la démocratie, c'est-à-dire contre ce que nous som-
mes, contre ce que nous serons toujours infailliblement. Nous ne com-
prenons pas ce que la magistrature peut avoir à gagner à consommer
ainsi, dans toute occasion, son divorce avec l'esprit populaire, et à
 faire naître contre elle des défiances qui sont loin d'accroître son au-
 torité, et qui ne lui préparent que des difficultés et des périls pour
l'avenir.