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286                        BIBLIOGRAPHIE LYONNAISE.
de la crise commerciale et du chĂ´mage industriel qui en Ă©taient la suite. Aussi
propose-t-il l'Ă©tablissement d'une banque d'Ă©tat, prĂŞtant des capitaux moyennant
un intérêt de 3 pour %». Ces avances seraient faites aux particuliers avec des
billets de banque. Mais quelles garanties donnerait-on aux porteurs, que ces bil-
lets seraient payés ? En d'autres termes, sur quoi seraieut-ils gagés ? Le voici :
l'emprunteur ne recevrait une avance de la banque, qu'à la condition de dé-
poser d'abord, en nantissement, une valeur, une marchandise expertisée, vériGée
et constatée supérieure à la somme empruntée. Chaque billet émis serait ainsi ga~
ranti par l'existence de valeurs réelles. Il offrirait donc toute sécurité au public,
et il circulerait comme numéraire. Dans ce système, on le voit, le crédit, au
lieu de précéder la valeur, se bornerait a la suivre. Chaque billet serait gagé par
une valeur effectuée, et non par une valeur future. Cela est contraire aux idées
que soulève ordinairement le mot de crédit ; et celte réforme ressemble beaucoup à
une suppression. L'auteur a tranché la difficulté, il ne l'a pas résolue.
    Sans doute, avec de telles précautions, il ne pourrait plus y avoir de risques à
courir, on ne craindrait pas l'avilissement des billets, il n'y aurait plus excès de
crédit, surabondance de valeurs non-gagée» ; on ne craindrait plus ces crises,
résultat du passage subit d'une confiance aveugle dans le succès de toutes les spé-
culations à une défiance absolue de toutes les valeurs publiques ou privées, au
prix que la banque mettrait au crédit qu'elle pourrait donner, peu de- gens se-
raient tentés d'en abuser. Mais, en vérité, cette banque n'aurait plus rien de commun
avec une institution 4 e crédit. Elle ressemblerait plutôt à un mont-de-piélé sur une
vaste Ă©chelle. Une banque qui n'inspirerait de confiance au public, qu'Ă  la condition
d'avoir, pour garantir ses billets, des valeurs matérielles supérieures à ses émissions,
et qui ne ferait d'avance Ă  un particulier que sous la forme de prĂŞt sur gage, ue nous
parait pas une innovation heureuse, et ne constituerait pas un progrès dans l'ordre
financier. Les inslitutions de crédit des États-Unis, et celles d'Ecosse, ont dépassé de
bien loin ses combinaisons arriérées.
    Nous savons bien qu'aujourd'hui la banque, en comptant des lettres de change
Ă  trois signatures, n'accorde de confiance Ă  ces trois signatures, qu'en raison de leur
solvabilité actuelle, basée sur une richesse réalisée ; mais enfin elle n'exige pas le
dépôt préalable d'une marchandise mesurée, pesée, vérifiée. La moralité, la consi-
 dération, la personne sont comptées pour quelque chose.
    Cette idée reçut un commencement d'exécution, après la révolution de Février,
mais dans des proportions restreintes, pour des intérêts spéciaux, et en faveur d'in-
 dustries déterminées. Sous la forme des sous-comptoirs du comptoir national d'es-
 compte,elle rendit des services réels à beaucoup de producteurs qui y trouvèrent un
 moyen de réaliser une partie du prix des marchandises dont ils ne pouvaient se dé-
 faire. C'était un palliatif utile. En faire un système, c'est en détruire l'utilité par
 l'excès.
     Il est évident que l'auteur a été trop influencé par la 'perturbation commerciale
 dont il a été le témoin. Sous cette préoccupation douloureuse, ce qui était accidentel,
 lui a paru définitif. Il à écrit son livre à la hâte, comme on écrivait alors ; il a im-
 provisé sa réforme du crédit, comme on improvisait toute chose. Nous ne voulons