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282                       CHRONIQUE POLITIQUE.

à tout prix et à tout propos contre la politique issue du suffrage uni-
versel. La France doit s'appliquer maintenant à étudier le jeu de la
Constitution qu'elle /s'est donnée à l'improviste, sans trop savoir si le
tempérament national serait de force à la porter.
   Le Pouvoir exécutif est certainement un des rouages principaux de
la machine gouvernementale ; c'est sur lui que porte aujourd'hui spé-
cialement l'expérimentation.
   Nous avons essayé déjà de la polyarchie, ensuite de la pentarchie.
On a reconnu tous les tiraillements auxquels donnait lieu le pouvoir à
plusieurs têtes. Puis est venue la présidence du conseil du général Ca-
vaignac. On peut dire que l'homme a été plus grand que la fonction
instable et fragile que la représentation du pays avait déposée dans ses
mains. La droiture, la fermeté de ce citoyen éminent, devenu un
homme d'Etat du jour au lendemain, son respect de l'Assemblée natio-
nale où il avait placé la source de ses inspirations politiques, son âme
républicaine, qui avait compris, sans arrière-pensée, tous les devoirs
redoutables d'un pays agité par une révolution nouvelle, tout avait
contribué à élever le Pouvoir exécutif à la hauteur de la mission de la
France. Et, cette puissance éphémère qu'il est venu remettre si noble-
ment aux élus de la nation, a laissé des traces profondes dans l'esprit
de ceux qui veulent sincèrement voir la République s'asseoir dans
notre pays, et donner à la paix, à l'ordre, à la liberté, au travail les ga-
ranties de la force et de la stabilité.
   La roue du suffrage universel a jeté à son tour Louis Bonaparte au
fauteuil de la Présidence. Le neveu de l'empereur a semblé gêné dans
cet habit républicain. La pourpre impériale mouchetée d'abeilles, ce
rêve malheureux de Strasbourg et de Boulogne, lui semblait bien mieux
son fait. Toutefois, pour peloter en attendant partie, il s'est résigné
à n'être que le chef du pouvoir exécutif d'un grand peuple dont le
nom pèse dans le monde. Le pauvre homme ! Il s'est donc effacé der-
rière le paravent constitutionnel et a semblé accepter le patronage di-
recteur d'hommes façonnés à la vieille routine, dont toute la politi-
que consistait à bercer doucement dans la Constitution le pays fré-
 missant d'impatience et avide d'e mouvement et d'action, pour l'en-
 dormir au murmure monotone de leurs périodes cadencées.
   Mais' bientôt le sang du Bonaparte a parlé. Le moi napoléonien a
 voulu prendre le premier rang et agiter les rênes flottantes du .gou-
 vernement. Le Message a donc éclaté domine un coup de tonnerre,
 pour annoncer le pas du géant. Mais le commentaire du lendemain
 dans la bouche du général d'Hautpoul a tourné en phrasesflasqueset