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LYON APRÈS LE 9 THERMIDOR. 263 moins avoir pour but de faire un appel à son patriotisme, que de la jeter dans le désespoir et de la pousser à la révolte. Le mouvement qui y éclate le 29 mai reçoit, des événements^accomplis à Paris les 31 mai et 2 juin, un caractère imprévu d'opposition au gouvernement national et républicain. Les mêmes bommes qui l'ont provoqué redoublent d'ef- forts pour empêcher que la Convention n'accepte son repentir, tandis que le pur et énergique Robert Lindet lutte pour détourner une ven- geance précipitée, funeste à toute la patrie, autant qu'à l'un de ses membres. L'ennemi personnel de Lyon, Dubois-Crancé, a enfin obtenu le décret qu'il a longtemps sollicité ; autorisé à employer la force mili- taire, il se précipite avec hâte sur la ville , et, pour la compromettre dans une résistance violente, il compromet contre elle un corps de troupes trop faible. Ne pouvant l'emporter, il l'accable de feux, comme si, pour lui, il ne s'agissait pas de la vaincre, mais de la détruire. Ce- pendant, cette guerre est devenue l'un des plus graves dangers de la République. Les populations s'émeuvent ; Couthon arrive avec l'Au- vergne levée en masse ; son bon sens déjoue la prétendue tactique de Dubois-Crancé. La ville est prise, en proie à la réaction, livrée à la vengeance du vainqueur. Couthon est le premier ministre de cette vengeance ; il lui accorde le tribut regrettable de vingt-quatre têtes ; il ordonne que les fortifications de la cité soient rasées, que les habi- tants soient désarmés. Mais il veut que la punition ne tombe que sur ceux que le vainqueur pouvait considérer comme les chefs de la révolte; que le corps de la cité et la masse des citoyens soient épargnés, sauvés au profit de la République. Les vues du proconsul sont dépassées par les hommes de la rigueur extrême, qui imposent à la Convention le sauvage décret du 12 octobre. Le parti qui l'a dicté nommcceux qui doivent l'exécuter. Collot d'Herbois et Fouché arrivent, et, à leur suite, le désordre moral, les profanations sacrilèges, la mise en coupe réglée des habitants et des édifices par la hache, la mitraille et le mar- teau, avec le but proclamé qu'il ne reste plus de la cité que quelques masures, et de sa population que quelques milliers de misérables. Alors, le joug sanglant de cette oppression étrangère triomphe des querelles de partis et des haines locales ; il n'y a plus qu'une voix pour réclamer et implorer la justice de la Convention. Les Patriotes de Lyon rencontrent à la fin un puissant patronage. Au moment de la retraite de Collot d'Herbois et de Fouché, l'échafaud politique tombe, et Lyon ne doit pas oublier que le jour où il lui a été permis de vivre et d'es- pérer est l'apogée des espérances et de la fortune de Robespierre. Cependant, ces quelques mois qui s'écoulèrent de la chute d'Hébert