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                         BULLETIN ARTISTIQUE.                           223
 ^•Ingres a saisi, dans le corps vivant, le souffle qui anime les statues
 ae
      1 hidias ; et, plus d'un poète moderne a surpris, dans les rumeurs
 ^es forêts et des fleuves, quelque chose des voix solennelles d'Eschyle
 et
      d'Homère.
     Comparez la Corinne de Madame de Staël à la traduction qu'en a
   aite Gérard. Nous le demandons : à première vue, y a-t-il dans la
   cène peinte ce cachet d'inspiration que possède la scène écrite ? —
 Sciemment non. Il y a bien là le souvenir d'études faites sur les épo-
 ques les plus rapprochées de la décadence de l'antiquité ; mais, y a-t-il
  e mouvement, la vie, l'âme, le souffle moral sous lequel frémit la ma-
  iere?Y a-t-il, du moins, cette inflexion grandiose, ces attitudes mys-
   jfieuses comme la réflexion , harmonieuses comme la mélodie des
 "tatues de l'antiquité, à l'époque où l'art possédait le plus le caractère
 "Oeial et religieux? — Non, non, toujours non. — Il n'y a là que de
   habileté de pinceau, une exécution polie, des bras arrondis, des chairs
  ls
    ses et violacées, des ombres au vernis copal, et quelque chose de
 Cette régularité sublime, désespoir des élèves à qui on donne à copier
 le
   » hachures des dessins de Bouillon.
Ce
     Le paysage, la mer, le Vésuve, tout cela c'est bien plus encore, si
     st possible, dans une gamme de convention. Tout cela a du brillant
 j^ns chaleur, et de l'opacité sans solidité. La lumière éclaire tout ; c'est
 a re
   J qu'elle n'éclaire rien ; l'ombre est partout, c'est dire que le relief
 ? est nulle part. Et pourtant, je le répète, il y a, dans ce tableau, une
Contestable habileté. Le peintre est bon : c'est l'enseignement qui
 ne
      vaut rien.
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 e
        est à remarquer que le caractère générique du talent de Gérard
  st loin d'être celui que David avait imprime à ses élèves, lorsqu'il
°pera une sorte de 89 artistique. Dans les peintures contemporaines
 ~e la Révolution, on retrouve comme un reflet des émotions qui agi-
otent la France. Il y avait chez David quelque chose de cette grandeur
sombre et théâtrale, de cette inflexibilité sauvage, dont les maximes
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  entencieuses de Robespierre et de Saint-Just portent la terrible em-
preinte. David est farouche et emporté comme la Convention ; Gérard
es
    t pâle, froid et distingué comme le Directoire.
 , Du reste, pour ceux qui veulent connaître Gérard à fond, il importe
Jje se souvenir qu'il n'est pas tout entier dans Corinne. Il est aussi,
«ans Bélimire, où ses qualités réelles se présentent sous leur aspect le
P^s favorable, et qu'on fera bien, comme toutes les œuvres du môme
Peintre, d'aller chercher préférablement dans les gravures qui en sont
'es reproductions.
     Franchement, j'allais oublier le portrait de Madame Récamier. C'est
^"e charmante petite figure, modelée à la cire et abritée sous un
^apeea u Paméla, à la gauche d'Oswald qui a de si beaux favoris, et de
S?. G r c, dont je ne puis mieux caractériser l'air que par l'épithète
"'noffensif.
                                                      CLAIR.