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206                    DE L'INSTITUTION DU JUGE.

certaines traditions qui, à travers les fissures des siècles, sont arrivées
jusqu'à nous.
    La Grèce, cette inMitutrice de Rome, présente à nos yeux une civi-
 lisation si brillante de génie, sous les grands noms de Lycurgue et de
Solon, que c'est toujours de ce côté que nous nous tournons pour
chercher la généalogie de nos idées politiques.
    Les institutions de la Grèce sont l'école historique de la démocratie
moderne.
    C'est là, qu'à vingt-deux siècles de distance, on peut encore puiser
des enseignements toujours nouveaux, toujours féconds.
    Dans une étude sur l'ordre judiciaire, il n'est pas plus possible
d'oublier l'aréopage, ce tribunal dont le nom signifie maintenant jus-
tice et sagesse, qu'on ne peut éviter de prononcer celui de Socrate et de
Platon, quand on veut mesurer jusqu'où peut s'élever la pensée hu-
 maine.
    Si la Grèce a fait l'éducation de Rome, Rome a fait la nôtre. Nous
épelons, chaque jour, ce droit romain, qui a mérité le nom de Raison
écrite, en présence môme des théories juridiques modernes, qui se
rapprochent davantage de la justice philosophique.
    Il faudrait donc montrer ce droit en action du Forum, pour étudier
l'administration de la justice de ce vaste empire, dont les solides fon-
dations hérissent encore notre sol.
    La puissance romaine s'incline et s'affaisse comme un vieillard ma-
jestueux sous le poids des années. Cependant, des forêts de la Germa-
nie sortent des peuples jeunes, pleins de verdeur ; ils se répandent,
les armes à la main, sur ce vaste empire, dont la vie est épuisée.
    D'un mélange confus de races, de peuples, d'institutions, de cro-
yances, nous voyons peu à peu poindre la nationalité française, se
formant pièce à pièce, péniblement, par la fusion des vieilles traditions
romaines, des dogmes nouveaux de la foi chrétienne avec la sève exu-
bérante du sang germanique.
    Il faudrait suivre l'institution du juge à travers ces divers éléments ;
et, en passant par le régime libre de l'aleu, du fief hiérarchique et de
la prépondérance monarchique, on verrait le pouvoir judiciaire, de-
puis les rachimbourgs jusqu'aux conseillers de parlement, se modeler
sur l'état social et en subir les diverses transformations.
    La Révolution française a tenté d'élever l'édifice social sur la seule
base de la déduction logique, en brisant tout le passé et sans tenir
assez compte des obstacles et des mœurs attardées. « Ce travail fut
une synthèse où tout partait de la raison pure, du droit absolu et de