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                      DE L'INSTITUTION DU JUGE.                        199
   3° Si la lutte commence, la société intervient, proclame le droit, et
e
   fait respecter avec sa toute-puissance.
   C'est l'institution publique du magistrat dépositaire de la souverai-
neté sociale, qui applique la formule de la loi au nom de tous.
   Lorsque la justice blessée par l'injustice, dit la loi de Manou, se pré-
sente devant le tribunal, et que les juges ne lui retirent point le dard,
" s en sont eux-mômes blessés.
   Salomon exprime la même pensée : Un juste perdant sa cause devant
un adversaire injuste, c'est une calamité comparable à celle d'une eau
doublée et corrompue dès sa source.

                                    II.


       Théorie de la transformation de l'institution du Juge.

     Le napolitain Vico, en exposant l'histoire idéale de la marche que
Vivent éternellement les nations, les montre, malgré la variété infinie
de leurs mœurs, tournant, sans en sortir jamais, dans un cercle de
 'rois époques, qu'il appelle l'âge divin, — héroïque, — humain.
    Sien que l'idée de cet ordre, immuable dans sa fatalité, soit contraire
au
     système de la progressivité continue de l'humanité, loi la plus mo-
rale du développement de l'homme, la notion de Vico, considérée seu-
lement comme ordre chronologique de l'origine des institutions so-
^ales, assigne à ces phases primitives un caractère distinctif parfaite-
ment justifié par la donnée historique.
    ï-'âge divin. « Maîtrisée, dit Vico, par les illusions de l'imagination,
" la première nature fut poétique et créatrice. On peut l'appeler divine,
" car elle anima et divinisa les êtres matériels, selon l'idée qu'elle se
" forma de la divinité. La même erreur de leur imagination inspirait
 " aux premiers hommes une profonde terreur des dieux qu'ils s'é-
 " taient faits eux-mêmes, et la religion commençait à dompter leur
 " farouche indépendance. »
    Les chefs les plus anciens des peuples, les fondateurs de leur civili-
sation, les premiers législateurs ont tous passé pour des dieux ou des
•ils de dieux, ou des hommes recevant leurs inspirations des dieux.
    Minos, afin d'inspirer aux Cretois une vénération plus profonde pour
'es lois qu'il leur avait dictées, se retirait parfois dans un antre, où il
Prétendait avoir avec Jupiter des entretiens familiers.