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                       COUP-I)'OE1L RÉTROSPECTIF.                      175
     Cette mesure nous parait fâcheuse. Elle est prise, il est vrai, dans
 l'intérêt des instituteurs ; mais elle a pour effet de diminuer notable-
 ment le nombre des élèves, par la raison que beaucoup de parents, en
 ctat de payer la rétribution, se refusent à cette dépense, et ainsi pri-
 ant leurs enfants du bienfait de l'éducation. Hâtons-nous dédire, ce-
 Pendant, que la gratuité, qui est de principe dans toutes les écoles des
 frères de la doctrine chrétienne, existe dans les écoles publiques de
 Lyon, comme à Paris et dans un grand nombre de communes. Mais,
 ' a règle générale est la rétribution mensuelle pour le plus grand nom-
 bre des familles, et c'est là un abus qu'il importe de faire cesser radi-
 calement.
     Selon nous, dans l'état actuel de nos mœurs, avec les institutions qui
 n
   ous régissent, deux réformes importantes sont à introduire, comme
 base unitaire, dans l'enseignement primaire des deux degrés.
     Instruction gratuite et obligatoire pour tous. L'instruction doit
 être gratuite, pour qu'elle soit générale, pour qu'elle profite à tous, au
Pauvre comme au riche, au fils du prolétaire comme à celui du bour-
geois, à l'habitant des villes comme à celui des campagnes. N'est-il
Pas honteux de penser que, si un grand nombre d'enfants sont privés
des avantages de l'instruction, cela tient à deux causes : la pauvreté ou
'acupidité,des parents? Pour les parents pauvres, il y a impossibilité;
pour les autres, il y a calcul, et ce calcul est odieux. Il faut donc que
ces causes funestes ne puissent plus être invoquées. La gratuité les
fera disparaître, et en même temps, elle effacera cette inégalité de
conditions, qui crée des divisions et nuit au principe de la fraternité.
    L'instruction doit être obligatoire, parce qu'il n'est pas plus permis
aux parents de priver leurs enfants d'instruction, qu'il ne leur est
permis de les priver de nourriture ; parce que l'instruction est le pain
de l'intelligence, et que, sans elle, l'intelligence meurt ou se dégrade.
La loi, n'étant autre chose qu'une règle de conduite à laquelle chacun
de ceux qui forment la société est obligé d'obéir, il nous semble que,
si l'on admet ce principe que l'instruction de tous est profitable à tous,
il n'y a rien d'excessif, rien de rigoureux dans une disposition légale
•lui, basée sur l'intérêt commun, prescrirait comme un devoir l'obli-
gation aux parents de faire instruire leurs enfants. Personne ne pour-
rait se plaindre, puisque la disposition s'étendrait à tous, et que la
gratuité serait générale. Nous savons bien que, dans les grands centres
industriels, et surtout dans les campagnes, certains parents préfèrent
utiliser, à leur profit, les bras de leurs enfants, ou à des travaux au-
dessus de leurs forces, ou à des soins domestiques qui les livrent Ã