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 Ã30                   COUP-lt'OEIL SUR L'ALGÉRIE.
  dier le caractère de l'Arabe. Fier, indépendant, hospitalier, religieux,
 mais cruel et farouche, il a les vertus et les vices des peuples primitifs.
    Son ignorance est profonde ; il n'a pas les moindres notions de l'art
 de guérir. Aussi, abandonne-t-il ses malades, et les pleure ou les oublie
 comme déjà morts. Le fatalisme qui lui est imposé par le Koran lui
 donne cette insouciance profonde et ce mépris de la mort qui res-
 semblent au courage. - - Il est superstitieux, crédule ; et en même temps
 plein d'astuce et de finesse, qualités qui ne se sont que trop réyélées dans
 leur manière de combattre notre armée : évitant les combats en pleine
 campagne, où ils ne pouvaient résister à la valeur et à la discipline fran-
 çaises ; recherchant ces petites luttes de tirailleurs , où sa ruse na-
 turelle et sa connaissance du pays devaient triompher du courage et de
 la noble confiance des soldats français. Le marabout de Sidi-Kaleb, oasis
 délicieux, dans les plaines incultes de Stataéli, raconte encore au voya-
 geur la mort glorieuse d'Amédée de Bourinont, tombé dans un de ces
 pièges où tant de nos soldats ont péri. — Perfide et cruel, Abd-el-Kader
 lui-même, malgré son beau caractère, souilla sa gloire par le massa-
 cre de nos prisonniers.
    Vaincu et malheureux, l'Arabe se résigne plutôt avec indifférence
 qu'avec noblesse ; cette résignation passive lui est commandée par
 sa religion. Islam signifie, je crois, résignation, soumission.
    La vie de la femme arabe y est toute différente de la vie des femmes
 mauresques. Si celle-là est plus libre, son existence est aussi plus la-
 borieuse et plus dure. Les fardeaux les plus lourds, les travaux les
 plus pénibles sont pour elle. Tandis que son fier époux s'en va rêvant,
 porté sur son cheval bien-aimé, sa compagne le suit à pied, courbée
 sous le poids des ustensiles ou des provisions du ménage, et quelque-
 fois de ses petits enfants. Quand la famille s'arrête et déploie sa tente,
 c'est encore la femme qui prépare le repas et dispose la couche de son
maître; l'Arabe s'assied et rêve, regardant monter dans l'air tranquille
la fumée de son tchibouk. Dans ses longues rêveries, souvent il im-
provise un chant monotone, qui a pour objet le plus souvent son che-
val, intelligent animal, dont il fait son compagnon et son ami ; quel-
quefois, les perfections physiques de sa maîtresse. Le musulman ne
voit, dans la femme, que les charmes extérieurs ; son esprit, son aine
ne sont rien pour lui. Aussi, dès qu'elle a perdu, avec sa jeunesse, si
courte dans ces climats brûlants, la beauté qui avait ravi les yeux de
son époux, elle est réléguée parmi les esclaves, et une femme plus
jeune et plus belle prend sa place auprès de son seigneur.
    L'Arabe, non plus que le Turc, n'est point musicien ; il jouirait peu,