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M                           L'ÉTAT DE SIÈGE.

coup de main. On sait quel a été le résultat. Excepté à Lyon, où nous
avons vu une lutte courte mais sanglante, il n'y a eu partout qu'une
tentative avortée, tentative dont, à travers les exagérations réaction-
naires, nous ne pouvons pas même discerner la nature et la portée.
L'instruction judiciaire seule nous apprendra s'il est vrai, qu'à Paris,
une portion de l'Assemblée législative, se constituant Convention na-
tionale, ait voulu mettre hors la loi ses collègues, issus, comme elle,
des suffrages populaires, et renverser révolutionnairement le gouver-
nement, qui ne peut être accusé que dans les formes constitution-
nelles. Seule l'instruction judiciaire nous montrera si ces agitations,
qui se sont manifestées dans presque toutes les villes de France, sont
le résultat d'un complot centralisé, ou si elles ne sont que le retentis-
sement inévitable, mais sans direction concertée, des questions brû-
lantes qui étaient agitées à la tribune nationale et dans les journaux.
    Lorsque la solution des questions est remise à la force, il est tout
naturel que ce soit la force qui prononce. Si l'insurrection eût été vic-
torieuse, il eût été, de foi politique et hors de toute contestation pos-
 sible, que le gouvernement avait violé la Constitution, et que la majorité
 de l'Assemblée législative avait complaisamment absous ce crime.
 Mais, de par l'insurrection refoulée et comprimée, il est, au contraire,
 devenu de foi politique, que le gouvernement a bien agi dans la ques-
 tion romaine, et que la majorité parlementaire lui a très-justement
 accordé un satisfecit. Et, remarquez que ce n'est pas seulement la lé-
 galité et l'effet de la décision parlementaire qui ont été sanctionnés et
 mis hors des débats. Cela est de toute justice constitutionnelle ; tous
 les pouvoirs sociaux doivent être, sauf les limites de leur compétence,
 obéis et respectés, même lorsqu'ils se trompent. Mais, en temps ordi-
 naire, tout en se conformant à la sentence, on a le droit de dire que le
 juge s'est trompé. Eh bien ! c'est ce droit qui est dénié maintenant. La
 majorité ne réclame plus seulement l'inviolabilité, mais encore l'infail-
 libilité. Elle oblige plus que nos volontés, elle oblige nos consciences.
    Voilà la position que nous a faite l'appel à la force. Un ministre l'a
 dit : C'est l'état de guerre. Or, on ne discute pas contre l'état de la
 guerre ; on le subit. La question est de savoir comment nous sortirons
 de là pour rentrer dans le domaine de la libre discussion. Véritable-
 ment, nous n'en savons rien ; car il faut attendre que la force abdique,
 et nul empire n'est disposé à se dépouiller soi-même. Mais, nous n'en
 avons pas moins confiance dans la puissance de la raison. Ce dur em-
 pire de la force pèse, nous en sommes convaincus, aux mains elles-
 mêmes qui sont appelées à l'exercer. 11 est trop contraire au génie de