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                    DU GOUVERNEMENT EN FRANCE.                          41
dite. Il n'y a pas de différence dans la demande, il n'y en a que dans
la réponse qui leur est faite.
     Quelle était l'argumentation des ouvriers ou de ceux qui parlaient
en leur nom?— Nous avons des bras, disaient-ils, c'est-à-dire des
 moyens de production. Nous voulons travailler, c'est-à-dire créer des
 produits. Nous demandons que la société consomme nos produits, en
 d'autres termes, qu'elle nous garantisse du travail.
     Voici, d'un autre côté, ce que disent les industriels protégés ': — Nous
 avons de l'intelligence, des capitaux, des usines, c'est-à-dire des
 moyens de production. Nous voulons qu'ils travaillent, c'est-à-dire
 qu'ils créent des produits. Nous voulons que la société consomme nos
 produits, en d'autres termes, qu'elle nous garantisse du travail.
     Or, que répond le gouvernement à deux exigences si parfaitement
 semblables ? Il dit aux ouvriers : La société n'a pas besoin de vos pro-
  duits, puisqu'elle ne les achète pas; donc, votre travail est inutile. La
  loi ne saurait intervenir entre le producteur et le consommateur, pour
  déterminer le besoin de vendre du premier et le besoin d'acheter du
  second. Ce n'est pas elle qui peut donner une utilité à un produit, c'est
   uniquement le besoin du consommateur. Maintenir la liberté écono-
  mique, voilà l'œuvre du gouvernement. Après cette réponse sévère,
   mais juste et vraie, il tient aux partisans de la protection un langage
   bien différent : Vous avez des moyens de production, donc vous avez le
   droit de produire ; si vous avez le droit de produire, l'obligation de
   consommer vos produits est imposée à la société, lors même qu'elle
   n'en a pas besoin, puisqu'elle les achèterait moins cher des produc-
   teurs étrangers. Nous nous empressons donc d'intervenir entre le
   vendeur et l'acheteur : protéger une industrie aux dépens des autres in-
   dustries, et lui garantir ainsi du travail, tel est le devoir du gouver-
   nement.
       Si les socialistes insistent, on a, pour les convaincre, des moyens
   énergiques, à défaut de raisons, tandis que, si les protectionistes ne
   irouventpas suffisantes les surtaxes à l'importation des produits étran-
   gers, on a recours à la prohibition absolue ; et, s'ils réclament encore,
   on y joint la faveur des primes à l'exportation.
       Nous le demandons : Y a-t-il pourtant une différence entre les pré-
    tentions des ouvriers partisans du droit au travail, par l'intervention
    du gouvernement, et les prétentions des industriels partisans du droit
    au travail par la protection ? Y a-t-il une différence en fait, peut-il y
    en avoir une en droit? Le gouvernement peut-il, sans inconséquence,
      nous dirions sans iniquité, s'il agissait sciemment) garantir du travail