Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
  40                    UES TENDANCES SOCIALISTES

  faisait appel, par le suffrage universel, à la volonté et à l'opinion de
  chaque citoyen, afin de remédier aux fautes d'un gouvernement qui
  avait voulu dominer l'opinion publique, au lieu de la consulter. Il y
  a pourtant des gens qui ont cru toutes ces folies utiles et réalisables,
 et il y en a d'autres qui ne sont pas encore remis des terreurs qu'elles
 leur ont causées.
     Mais laissons de côté ces généralités qui n'ont plus d'utilité aujour-
 d'hui, et revenons à ce fait que toutes les écoles étaient d'accord sur
 une augmentation des attributions gouvernementales. 11 y a, selon
 nous, dans cette erreur unanime, quelque chose de plus grave que le
 socialisme lui-même, et qui révèle un vice profond de nos institu-
 tions politiques. Si les socialistes ont pu s'imaginer qu'il dépendait du
pouvoir que tous leurs rêves de solidarité, d'égalilé des salaires, d'as-
 sociation, de garantie du travail, de gratuité du crédit fussent réalisés,
 il faut que le gouvernement ait laissé se propager, en France, une idée
 bien fausse de ce qu'il doit.faire et de ce qu'il peut faire ; il faut qu'il
 ait, par l'extension abusive de son intervention administrative, créé
une espèce d'excuse légale aux prétentions les plus exorbitantes des
novateurs. Ce reproche de mettre son initiative, son autorité, sa force
à la place de celles des citoyens, de mêler ses fonctionnaires à toutes-
les entreprises, de réglementer tous les actes, est adressé, depuis long-
temps, au gouvernement français; ajoutons qu'il est mérité par lui.
Mais, c'est surtout en matière administrative, que les inconvénients
en ont été critiqués ; et, pour nous, c'est au point de vue de l'économie
politique que nous allons en signaler les tristes conséquences.
    Certes, nous étonnerons beaucoup nos lecteurs, en leur disant que le
gouvernement, dans ses rapports avec les intérêts matériels de la na-
tion, fait réellement du socialisme, et que ses principes et ses actes
économiques ne sont pas autre chose que le commencement de la réa-
lisation des utopies socialistes. Il est vrai qu'il agit comme M. Jourdain,
taisant de la prose sans le savoir ; mais, pour être innocentes, ses in-
tentions ne sont pas moins dangereuses. Car, il y a là un exemple
pernicieux et une provocation incessante aux entreprises socialistes ;
tout au moins, c'est se placer dans une position désavantageuse pour
les repousser.
    Les faits nous serviront de preuve, dans cette discussion. Commen-
çons par le droit au travail, et comparons les réclamations des in-
dustriels protégés par les tarifs de douanes avec celles des ouvriers
socialistes, et nous.verrons si elles ne se confondent pas dans une
identité parfaite, identité de besoins, identité de droit, identité d'absur-