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                              LE CHOLERA.                               23
Tous les jours, une partie du vieux Lyon disparait ; mais le temps
presse, et en attendant que les vieilles maisons s'écroulent, que les
ruelles si nombreuses encore s'élargissent, il est des mesures que
l'autorité pourrait prendre, sans qu'il en coûtât un centime à la caisse
municipale. Dans certains quartiers, un grand nombre de maisons,
les 2?3 au moins, n'ont pas de concierge ; aussi, les allées, les esca-
liers, les corridors ne sont-ils lavés que lorsqu'une mesure générale
force le propriétaire à y introduire le maçon. C'est une chose déplo-
rable, dont nous sommes tous les jours témoin dans nos pérégrina-
tions, que de voir l'état dans lequel se trouve un grand nombre d'ha-
bitations. Je pourrais citer une maison des façades de la place Louis-
le-Grand , où des ordures sont entassées dans une arrière-cour
presque jusqu'à l'entresol. Que l'on juge, maintenant, des résultats
que cette incurie doit produire dans les quartiers pauvres et exclusive-
ment habités par la population ouvrière. Serait-il absurde, en face du
danger qui nous menace, de forcer tout propriétaire à avoir un portier,
et tout portier à nettoyer sa maison? L'épidémie a été infiniment
 moins meurtrière, à Paris, en 1849, qu'en 1832. Pense-t-on que les
 changements qui ont été faits dans cet intervalle soient complètement
 étrangers à cette différence? La cité, le quartier de l'Hôtel-de-Ville, si
 cruellement frappés jadis, n'existent plus aujourd'hui : les ruelles
 tortueuses et infectes ont fait place à des rues droites et spacieuses, des
quais ont été construits, Paris, enfin, s'est étendu dans une proportion
 notable, et qui n'est pas en rapport avec l'augmentation du chiffre de
 sa population.
  ^ L'influence de l'alimentation est aussi incontestable que celle de
 l'habitation. Sous ce rapport, l'autorité peut prendre l'initiative de me-
 sures qui rendraient service à tous, sans nuire à personne ;' je dis
 personne, car il ne faut pas tenir compte de ceux qui se jouent de la
 santé publique, et qui n'ont qu'un but, le gain illicite. Nous voici bien-
 tôt à la saison des fruits. On sait que la cupidité pousse souvent à
 les Cueillir avant leur maturité. L'administration municipale peut
 et doit recommander à ses agents un surcroît de sévérité dans l'exa-
 men des primeurs de mauvais aloi. 11 y aurait, du reste, sous le rap-
 port de l'alimentation, une véritable révolution à opérer ; je n'ose
 pas dire qu'il y a des abus à détruire, il y a le vol à réprimer. Je
 ne dis rien que tout le monde ne sache.Combien y a-t-il de bou-
 langers dont le pain ait les qualités prescrites par la loi ? Combien
 entre-t-il, à Lyon, de jattes de lait pur? presque tous les vins sont
 frelatés, etc. C'est une chose triste à dire, mais personne ne l'ignore,