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                              LE PAYSAN ÉLECTEUR.                                     15
l'on aurait dans les campagnes un instrument docile, et que l'on y a
trouvé au contraire des sentiments qui se sont révoltés ; oui, ce sont
les passions royalistes qui ont soulevé les passions démagogiques.
Vous faites aux Paysans un grief d'avoir été au cabaret s'inspirer du
journal^ de Proudhon ou de Thoré. Mon Dieu ! vous êtes-vous fait
taute d avoir envoyé avec profusion aux mêmes lieux, vos journaux
 bien pensants ? la même table du café ou de l'auberge du village n'a-
t-elle pas été chargée des productions des deux propagandes? eh
 bien. l'une de ces propagandes résonnait au moins aux noms de
 République et de Démocratie, et l'autre en heurtant ce sentiment ré-
 volutionnaire qui remplit toujours les cœurs, a servi d'exagérateur à
 la cause qu'elle prétendait combattre.
      ISous ne sommes pas de ceux qui nient les influences exercées lé-
 gitimement. La République est un terrain de liberté pour tous, et
   oin de blâmer ce qu'on appelle la Liste du clergé, nous trouverions
    ien plutôt à reprendre à ce qu'une grande catégorie de citoyens, unis
 par une communauté de doctrine, s'enfermât en politique dans l'in-
    merence ou dans la neutralité. A notre avis, le clergé a un grand
  1-e ' ?t \ e t r a v a i l l e r à l'alliance de l'esprit de Christianisme et de
  drn-i i. D e m o c r a t i e - Mais loin de nous de subordonner son
   dint a . x e r c i c e d e c e d r o i t : Si au lieu d'avoir son action indépen-
       s é e t p u r e m e n t c a t h 0 i i q u e ) il préfère se mettre à la suite du vieux
   parti que repousse l'esprit public, il en sera le maître, d ut-ce être au
   P ix oe son crédit et de son influence. Mais le bon sens du Paysan
    epoussera très-bien ses conseils et sa liste, avec ces simples mots :
   « Monswur le curé, quand vous me parlez des choses de Dieu et de
     autre vie, je vous écoute avec la soumission de la foi, vous l'or-
   gane de l'Eglise. Mais quaud me parlez politique, trouvez bon que
  .1 en juge d'après ma propre raison. »
       Quiconque veut scruter ces profonds et mystérieux arrêts du suffrage
   universel, quiconque les traduit en disant le peuple veut ceci ou cela,
   nnt P fTv ° U V e n t à d e s d é m e n t i s inattendus. Les royalistes de l'Est en
   ont tait 1 épreuve au 13 mai. Eh ! bien, nous croyons que le socialisme
      exposerait aussi à un grand mécompte s'il traduisait le vote autre-
   ment que par République et Démocratie. Il y a plus, eût-il obtenu la
   majorité dans toute la France comme dans les départements de l'Est,
   u se perdrait avec d'immenses ressources, en les usant à des impossi-
   bilités ; la société serait comme un monarque de granit qu'il pourrait
   peut-être ébrécher, mais jamais renverser, et bientôt l'ordre qu'il
   aurait troublé, et qui aurait résisté à tous ses efforts, réagirait encore
   "ne fois contre lui.