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                    ET DES PÉRILS DE LA SOCIÉTÉ.                         399
qu'elle fut redressée par l'intervention surnaturelle du Christ, et il est
nécessaire qu'elle soit chaque jour secourue par cette intervention de-
venue permanente qui s'appelle la grâce ; d'où il suit encore que toute
liberté a besoin non seulement d'un lien religieux, mais encore d'un
lien politique extérieur et indépendant qui la relie aux autres libertés,
et ce lien est le pouvoir établi par Dieu, et les rois appelles à diriger
les nations,à rendre leur liberté féconde, sont véritablement les Christs
des nations, comme Bossuet les a d'ailleurs appelés.
    Écoutez maintenant M. Laurentie ; dans chacune de ses paroles va
se refléter la théorie que nous venons d'esquisser :
    « L'homme depuis trois siècles a prononcé qu'il était lui-même
 « sa règle, son autorité, sa divinité. »
    « Voilà le mal en son principe. »
    « L'homme est devenu l'ennemi de l'homme. Les êtres intelligents
 « étant égaux au même titre, il n'est resté entr'eux ni subordination
 « ni loi fixe, de-là une immense discorde. La morale n'a plus de base,
 « les devoirs plus dé sanctions. »
    « Cette loi d'affranchissement absolu de la raison personnelle, cette
 « vaste émancipation de la conscience a fait de l'humanité un amas
 « désordonné, quelque chose de semblable à la désolation de la terre
 « dont parle l'histoirien des origines sacrées, si ce n'est qu'au com-
 « mencement l'esprit de Dieu était porté sur les eaux, et présentement
 « l'esprit de Dieu s'est retiré. Le cahos reste avec ses stérilités : terra
 « sterilis et vacua.
    Sous le coup de ce violent réquisitoire, l'homme moderne courbera-
t-il la tête ? frappera-t-il sa poitrine comme un coupable ? non, il ne
se mettra pas à genoux, soyez en sûr; s'il se frappe la poitrine, ce
sera pour s'affirmer de nouveau, pour affirmer sa liberté, sa souve-
raineté. Criez maintenant au délire de l'orgueil, faites honte à ce ver-
misseau de sa faiblesse et de sa nudité, prodiguez la raillerie à ses
rêves, à son ambition ; comme autrefois Gallilée frappant du pied la
terre s'écriait : elle tourne ; l'homme s'écrie aujourd'hui : le monde
m'obéit.
    M. Laurentie peut dire : habemus confitentem reum. Oui ; ce siècle
qu'il a traduit à la barre fera l'aveu de son crime : il veut le dévelop-
pement intégral de la liberté, il la prend pour point de départ uni-
versel de tout ordre.
    Les pouvoirs qui ont successivement appartenu aux castes, aux
monarques, aux patriciats, aux oligarchies, quelles qu'elles soient,
il les confère à l'individu. Toute la Révolution est là. La Révolution