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1-12                   DES TENDANCES SOCIALISTES
cole, pourquoi ne le ferait-il pas ? » Ainsi nous sommes d'accord
sur l'identité du droit au travail et de la protection. Seulement je
 m'étonne que vous fiyez vu des effets aussi différents dans deux
causes identiques, ou plutôt dans une seule et même cause. Si vous
approuvez que l'État accorde le droit au travail ou la protection à
certains industriels, vous le dispensez de les réaliser au profit des
salariés, parce qu'il ne pourrait pas le faire « sans encourager la pa-
resse, l'inconduite, l'insouciance , la dissolution de l'esprit de famille
dans le peuple, sans diminuer immensément les forces productives
du pays, et, par conséquent, sans préparer pour l'avenir des misères
bien autrement cruelles et générales, que celles qu'il aurait vaine-
ment tenté de guérir. » Je doute que le même principe puisse faire
en même temps, tant de bien aux uns et tant de mal aux autres, sau-
ver l'État ou perdre la République. Il y a évidemment une exagéra-
tion dans «votre éloge et dans votre blâme. Mais je doute surtout que
les salariés, si la question est jamais portée devant eux, pensent que
la protection accordée aux uns et refusée aux autres, soit intelligente
ni populairement calculée.
    Vous vous adressez ensuite à l'expérience pour lui demander des
preuves, et vous citez l'exemple de l'Angleterre comme exemple de l'u-
tilité du système protecteur. De ce qu'elle s'est enrichie sous ce régime»
vous concluez qu'elle se serait appauvrie sans lui. Je ne saurais me
contenter de cette manière spécieuse de raisonner, placée dans la ca-
tégorie des arguments vicieux, sous le nom de cutn hoc ergo propter
hoc. Les Anglais eux-mêmes, qui ont appliqué cette argumentation au
sujet qui nous occupe, n'en ont pas été satisfaits, et ils ont condamne
ceux qui essayaient de s'en prévaloir. Ils prétendent que l'Angleterre
— et nous sommes de leur avis—s'est enrichie, non pas parce CM'elle
possédait,mais quoiqu'elle possédât le régime protecteur. En tout cas,
c'est à vous de prouver qu'elle s'est enrichie et qu'elle n'a pu s'enrichir
que par lui. Nous attendons cette démonstration et jusque là nous re-
fusons à votre argument l'accès de la discussion.
    Puisque j'en suis aux preuves que vous tirez des pays étrangers,
permettez-moi de changer un peu l'ordre de votre discussion, et
de répondre tout de suite à un argument que vous fournit une autre
nation. Je ne m'attendais pas, je l'avoue, à voir l'Espagne en cette aifaire.
Citer l'Espagne qui s'est ruinée sous le régime de la protection, après
avoir parlé de l'Angleterre qui, selon vous, s'est enrichie grâce à ce
même régime, quelle imprudence ! Jamais les partisans de la liberté
commerciale n'ont été mieux servis par les distractions de leurs ad'