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LE LIBRE-ÉCHANGE A LYON. 507 l'union douanière allemande, ou d'en fonder une analogue avec les peuples du continent. Entrer dans l'union douanière alle- mande ! Mais que diraient les fabricants d'aiguilles, les éleveurs de bestiaux, et M. D. lui-même, qui a signalé un peu plus haut les soieries des bords du Rhin, comme devant profiter seules des li- béralités douanières de la France, au grand préjudice de l'industrie lyonnaise?Et d'ailleurs, une union douanière avec l'Allemagne, n'est- ce pas une ironie cruelle, quand on so rappelle que le gouverne- ment n'a pas pu triompher de l'émeute de quelques industriels, qui l'ont empêché uon pas de faire, mais même de songer à propo- ser un petit traité d'union avec une petite nation, la Belgique! Que M. D. nous croie; il serait plus simple, plus rationnel, plus juste et plus praticable, d'adopter une règle générale pour l'abais- sement général des tarifs, que d'opérer en détail et d'une manière dif- férente avec chaque nation. De cette manière on ne provoquerait pas des représailles au dehors, des récriminations d'industrie contre industrie au dedans. II faudrait pour cela adopter les doctrines d'é- galité et de liberté industrielles des libre-échangistes, tout en main- tenant momentanément, ainsi qu'ils en font eux-mêmes la proposi- tion dans l'intérêt des industries qui se croient compromises, des droits d'importation élevés, si vous voulez, mais des droits non pro- tecteurs, des droits purement fiscaux. Qu'est-ce donc qui a pu jeter M. D. hors du droit sentier de l'éco- nomie politique;' Quel sophisme est venu se placer entre son esprit et la vérité? Le voilà tel qu'il le formule lui-même : « Je tiens compte des conditions meilleures ou pires dans lesquelles se meu- vent les industries de chaque peuple. » De là des droits protecteurs sous prétexte de rendre égales entre les peuples les conditions de la production. Et nous aussi nous sommes du même avis, et c'est sur- tout parce que nous tenons compte de ces « conditions meilleures ou pires, » que nous voulons qu'une industrie se place toujours dans les meilleures conditions de succès; mais nous voulons que ces conditions de succès soient réelles et naturelles. Nous voulons qu'elles soient meilleures par elles-mêmes, et non par suite d'un abus. Vous, au contraire, vous croyez avoir égalisé les conditions de production enlr<> deux peuples , quand vous avez égalisé