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478 VOYAGE A VIENNE. avec des abat-jour, des rideaux blancs et des pots de fleurs, A l'intérieur, on voit partout une propreté, un calme, un air de bien-être et d'aisance qui ne sont point ordinaires à nos villages français. Tout le long de ces demeures régnent extérieurement des galeries en bois qui rappellent les chalets suisses, et, tout près, formant maisonnettes à part sont des séchoirs ou fenils, semblables h d'immenses cages très rusti- ques et très gracieuses. C'est une grande variété de treillis disposés, et, pour ainsi dire, tressés avec toutes sortes de soins et de charmants caprices (1). Il faut traverser ces doux villages, un dimanche, au son du cor des postillons, qui jouent des airs simples, en toute sûreté d'intonation et avec le naïf sentiment musical que la nature leur a donné. Le paysan styrien est assis devant sa jolie chaumière, avec ses habits de fête, ses bottes et sa pipe fidèles, en plein repos, sans trop de rêverie, tandis que sa fille entr'ouvre la jalousie pour envoyer un signe de connais- sance familière au courrier qui passe. Que, si on s'arrête quelques instants, ce sont toutes sortes de tableaux de la vie rurale: les vaches qui vont boire à la source conduites par un enfant qui mord à belles dents blanches dans un fruit vert; les pigeons familiers qui s'envolent à peine devant les pieds des chevaux, et le four béant, dont on voit le brasier de la rue, et qui jette une odeur de pain chaud, bonne et hospitalière. De tous ces ravissants villages, frais, propres, reposés, qui dorment sous les branches, les noms allemands sont sortis de ma mémoire; mais il me reste celte pensée qu'ils annon- ( i ) On me pardonnera ces minces détails, qui ont bien d'ailleurs une signification. Quand le paysan se complaît ainsi à orner sa demeure, c'est qu'il l'aime et s'y trouve bien. De plus, si ce soin de l'intérieur révèle son bien- être matériel, il indique aussi des mœurs douces et la bonne vie de famille, La misère et les querelles de ménage ne sont pas là .