page suivante »
608 LE LIBRE-ÉCHANGE A LYON. seulement les conditions de la vente. Et pour arriver à ce résultat vous forcez le consommateur, qui représente l'intérêt gé- néral, de payer un produit plus cher, non en raison d'une plus grande utilité, mais en raison d'une rareté artificielle, d'une disette légale. Egaliser les conditions de la production ne peut être que l'œuvre de Dieu, et égaliser les conditions de la vente, en privant l'ache- teur de sa liberté, ne peut être qu'un acte injuste de l'homme. Au reste, il sera toujours honorable et avantageux pour le libre- échange d'attirer l'attention des hommes bien intentionnés, lors même que cette attention devrait amener une critique un peu irré- fléchie. Nous sommes persuadés que M. D. étudiera ce projet de réforme plus gravement après l'avoir aliaqué, et nous ne désespé- rons pas de le compter au nombre de ses partisans. Car le libre- échange repose sur des principes que les esprits droits et les consciences honnête.1- ne sauraient méditer sans les partager. Nous nous attendions, lorsque la question du libre-échange a élé jetée dans l'arène de la polémique, à voir l'organe du parti démocra- tique à Lyon s'emparer de ce sujet et le traiter avec la sollicitude et la gravité qu'il apporte à ses appréciations. La liberté des échanges devait prendre place et, selon nous, une des premières places dans le programme de la démocratie. Il suffisait, au reste, à son organe spécial de rester dans la ligne économique qu'il avait suivie jusqu'ici. En effet, toutes les fois que le privilège avait essayé en France d'aggraudir sou immense empire aux dépens du petit domaine de la liberté commerciale et du droit commun, le Censeur s'y était opposé énergiquement. Mais lorsqu'il a été question d'unir et de systéma- tiser les efforts de tous les partisans de la liberté commerciale, lors- qu'on a songé à renoncer à la guerre défensive et de détail, pour marcher droit en avant et porter les hostilités sur le terrain de l'en- nemi, il est resté en observation. Il semble que les idées qui atten- daient de lui un concours utile, n'ont plus renconlré qu'une neutra- lité douteuse. La réserve, la déliauce dans laquelle le parti démocratique a cru devoir se tenir, sont pour nous une cause de regrets sincères. Nous les regrettons non seulement dans l'intérêt des idées libérales et ci- vilisatrices, mais dans celui de la démocratie elle-même. Quand une