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 462                     MONOGRAPHIK HISTORIQUE

    « Il n'y a, dit-il, en ce couvent aucune trace ni vestige
de clôture, ni aucune sorte d'observance. C'est un abord
 général de toutes compagnies, un vrai abreuvoir d'Afrique.
Sous prétexte de parenté et de consanguinité, il s'y fait
de merveilleuses conversations. Lorsque monsieur l'Abbé-
capitaine de Saint-Sulpicc, dont nous avons parlé ci-dessus,
venait avec les plus grands de son régiment voir son haras,
il descendait faire sa visite au monastère de la vallée, où
il était reçu avec beaucoup d'honneur, et il est à croire qu'il
leur faisait de belles exhortations
   « Tant y a que c'était un concours perpétuel de conversa-
tions et de familiarités, un flux et reflux continuel de com-
pagnies. Les grands y entraient, les petits en sortaient,
la porte y étant toujours ouverte à tous, sans différence d'âge
ni de sexe. Bref, le désordre y était tellement invétéré, par
faute de jugement et de discrétion, que la licence était prise
pour une liberté honnête, et que ce libertinage y tenait lieu
de franchise. »

comprend deux cent      quarante articles, homélies, romans religieux, histo-
riettes pieuses, dissertations ascétiques. L'Esprit   de saint François de Sales
passe pour son meilleur ouvrage. Il était étroitement lié. avec cet illustre
évoque d'Annecy. Aux mœurs les plus austères, Pierre Camus joignait un
esprit vif et enjoué. On cite de lui des réparties fort heureuses. Le c a r -
dinal de Richelieu lui disait un j o u r , en le blâmant de sa rigueur contre
les moines : sans cela je vous canoniserais.      — Dans ce cas, lui     répartit
Pierre Camus, nous n'aurions rien à désirer, vous seriez pape et je serais
saint.
  Le pape Paul V honorait Pierre Camus de son amitié. Il eut été fa-
cile à cet évoque d'obtenir un diocèse plus important ; celui de Belley n'a-
vait que 5ooo livres de revenus. Comme on le pressait de solliciter son
changement, il répondit plaisamment : la femme que j ' a i est assez bonne
pour un Camus. Il fit toutefois séparation avec elle, mais pour vivre avec
les pauvres ; il finit par se retirer    à l'Hospice des Incurables, à Paris,
sa ville natale, pour soigner les infirmes.     Il y mourut en 1632, âgé de
soixante-huit ans.