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488 DU GÉNIE LITTÉRAIRE DK I . ' E U R O P Ë . tien, des Raphaël, des Michel-Ange, atteignent leur expres- sion la plus sublime, et le dôme majestueux de Saint-Pierre, les coupoles de Venise, les aiguilles de Milan s'élèvent triom- phantes vers cette voûte éloilée dont Galilée a proclamé les lois. Telle fui, au siècle de Léon X, la glorieuse destinée de l'I- talie, dont l'Espagne et le Portugal recueillirent bientôt les heureux fruits. L'Espagne, formée de dix royaumes conquis pied à pied sur les Maures par ces nobles guerriers, imi- tateurs du Cid, dont la légende enflammait leur courage ; le Portugal, dominateur des mers, formaient alors deux puis- santes monarchies. Pour elles Colomb et Gama exploraient le couchant et l'aurore ; pour elles Cortès et Albuquerque épuisaient les trésors des deux mondes. Comment s'étonner que l'imagination s'enflammât dans l'ivresse du triomphe ? Que Camoens, l'illustre exilé, disputât aux tempêtes cette brillante épopée où il célèbre en si touchants accords les victoires d'une patrie ingrate? Qu'Ercilla, moins poète que guerrier, exaltât l'héroïsme sauvage ; que Miranda, Garcilaso chantassent le Tage aux hords fleuris, pendant que Barros, Mendoza imprimaient à l'histoire la fierté de leur ame ? Le sceptre redouté de Charles-Quint avait passé aux mains du sombre Philippe II ; le fanatisme menaçait la pensée qu'il allait bientôt étouffer ; mais l'enthousiasme poétique brûlait encore au fond des nobles cœurs. Herrera, Luis de Léon donnèrent l'essor à l'ode, au dithyrambe ; la vie humaine sous tous ses aspects, dans ses tendances les plus diverses, les plus originales et les plus vraies, se déroula sous la plume enchanteresse de l'inimitable Cervantes, tandis que Lope de Vega, Calderon, Moreto, épuisaient toutes les ressources du drame pour exprimer ces passions implacables que l'Europe admirait avec effroi. L'ironique Quevedo, le sévère Mariana surent arrêter encore le déclin littéraire, pendant que Vc-