page suivante »
504 LE LIBRE-ÉCHANGE A LYON. y suivre quoiqu'on en ait. « Chaque page de l'histoire commerciale d'un peuple gravera dans nos convictions des enseignements su- périeurs à toutes les argumentations, » puis vous citez les grandes Jndes « dotées des produits les meilleurs, les plus abondants et les plus variés » et vous imputez à l'échange de ces produits conire ceux de l'Europe, la décadence de ce pays malheureux. Nous ne nous serions jamais douté, avouons-le, que le libre-échange fut cou- pable à ce point, et nous espérons que M. D. nous expliquera com- ment ce crime de lèse-nation a pu être accompli. Jusqu'à présent nous avions supposé que l'Inde devait l'état de dégradation où elle est tombée, à plusieurs causes, sans rapport avec la liberté commerciale ; nous allons en indiquer quelques-unes. Sa religion, selon nous, s'opposait à tout progrès moral ; la division en castes supérieures et inférieures, consacrée par cette religion, empêchait toute activité industrielle, parce qu'elle ne permettait pas une ré- partition équitable des richesses produites; des guerres civiles éter- nellement renaissantes, en confisquant leurs produits, avaient arrêté le développement normal de chaque industrie. Enfin nous avions lu quelque part que dans la répartition annuelle des produits généraux d'une nation, s'il revient aux Etats-Unis 72, 75 au travailleur, et 27, 25 au capital et aux dépenses du gouvernement réunis, dans les Indes au contraire, le travail ne reçoit que 45, tandis que le gouvernement et le capital prélèvent 55. Il nous suffisait de connaître ce monstrueux état de choses pour nous rendre raison de la détresse des Indes, si détresse il y a. Nous reconnaissons notre erreur. C'est parce que l'Inde s'est laissée envahir par les mar- chandises étrangères, qu'elle est aujourd'hui si souffrante et si dé- solée. Ah! pourquoi n'a-t-elle pas favorisé, au moyen d'un bon monopole, ses tisseurs de mousseline, aux dépens de ses produc- teurs de coton ? Après les Indes, viennent les Maures d'Afrique, autres victimes muettes du libre-échange, qui lui ont sacrifié leur prospérité et leur civilisation. Puis le Japon et la Chine, victimes à leur tour de la « protection absolue, qui cause des ravages presque aussi fu- nestes que l'imprévoyante liberté ! » Quoique ce presque nous ré- vèle une tendresse mystérieuse pour le monopole et nous paraisse