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330           HISTOIRE DE L ' A R T MONUMENTAL

que vint la décadence ; et il faut le dire, à la honte de nos
artistes, il est telle figure étrusque qui est plus pure et plus
chaste en sa nudité que les madones de certains peintres mo-
dernes. Il ne manque qu'une lueur à la sculpture de Phidias
pour exprimer le sentiment chrétien, tandis qu'il ne manque
à peu près rien à certains artistes de notre temps pour rivaliser
avec les dégoûtantes obscénités de la Vénus Callipyge et de
l'Hermaphrodite.
   M. Batissier donne une intéressante description de l'art
romain. J'aurais, encore plus que lui, appuyé sur la diffé-
rence profonde de l'art romain et de l'art grec, dont celui-là
n'est qu'une dégénérescence. On ne saurait trop insister sur
ce point, car des préjugés à cet égard sont encore répandus
dans quelques écoles. Au lieu d'étudier les (rois ordres grecs,
on en est encore aux cinq prétendus ordres de Jacques Ba-
rozzio de Vignole. Quelle différence cependant enlre les ty-
pes correspondants de ces deux styles ! Pour choisir un
exemple entre mille, il suffit de comparer le dorique du
temple de Thésée et du Parlhénon, avec le dorique du temple
de Marcellus, qui est un des spécimens les plus puft de cet
ordre, que nous ait légué l'art romain. Voyez quelle solidité,
quelle force, et en même temps quelle admirable élégance
dans le dorique grec ! La colonne romaine, de forme moins
conique, est déjà maigre et mesquine ; le chapiteau, d'une
saillie moins hardie, au lieu de celle courbe elliptique si
 ferme, surmontée d'un tailloir tout uni, se compose d'un
 quart de rond empâté dans des moulures. Les (riglyphes ne
 consolident plus les angles de la frise. Ce n'est ici ni le lieu
 ni le temps de s'étendre sur des détails étrangers à beaucoup
 de lecteurs: c'est encore plus dans les proportions que dans
 les formes qu'on doit conslaler une décadence sensible. Ce
 n'était pas de la cruauté de la république romaine, pas plus
 que du despotisme voluptueux des empereurs, que pouvait