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                  HA TABLEAl' 1)1'. UUIULLO.               263

de ces théories abstraites, mais par la pente de sa noble na-
ture. Ses tableaux ne sont pas l'Å“uvre d'une pure intelli-
gence ; on ne peut pas s'écrier en les voyant ô mens I comme
Gassendi en lisant Descaries; sous les traces du pinceau, on
sent battre un cœur humain. C'est à cette condition que la
peinture est complote. Il faut que pour l'artiste ces repré-
sentations de l'histoire et delà vie ne soient pas un pur jeu :
il faut que, comme le vieillard de Térencc, rien d'humain
ne le trouve indifférent; que, comme la Didon de Virgile, il ail
des larmes pour toutes les souffrances et une ame sensible aux
maux des mortels. Si lui-même est resté froid devant son
tableau ; si , parmi les personnages qu'il nous présente, il
n'a pas aimé les natures généreuses, haï ou plaint du moins
les mauvaises ; si la pitié, l'admiration, l'aversion, la sym-
pathie n'ont pas tour h (our saisi son cœur, le nôtre ne
sera pas ému, le but de l'art sera manqué. Àh ! que Mu-
rillo a bien su l'atteindre ! Approchons-nous de lui, et, à
moins d'être de pierre nous-môme, mille émotions douces
ou tristes, émanées de son ame et conservées dans ces lignes
et ces couleurs, comme un parfum pénétrant auquel le temps
n'ôle rien de sa force, viendront nous charmer ou nous at-
trister à noire tour.
   Me promettez-vous de ne pas sourire? Je vous dirai plus
encore. Il me semble que cette grande ame ait été trop vaste
pour que le genre humain suffît a la remplir. Murillo a mêlé
des animaux a ses personnages ; et il les a traités avec un
soin si particulier, qu'évidemment il avait un coin de ten-
dresse pour ces créatures inférieures si intéressantes en effet
aux yeux du penseur et de l'homme simple. Ces ani-
maux, de nature et de caractères divers, contribuent singu-
lièrement à la variété de l'effet général. Outre le dromadaire
dont j'ai déjà parlé, qui, les naseaux enflammés, semble as-
pirer de toutes ses forces cette fraîcheur ardemment désirée,