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DU GÉNIE LITTERAIRE DE L'EUROPE. 493 de sa mule et austère tragédie, la littérature italienne se sentit renaître et grandir. A sa suite, une généreuse ardeur enflamma l'élite de la jeunesse : lous les genres furent de nouveau tentés, souvent avec succès, toujours avec talent ; et les noms de Beccaria, Denina, Cesarolli, Monti, Manzoni, marquèrent une heureuse renaissance à laquelle l'Espagne humiliée, victime de la longue oppression dont elle vient enfin de se venger, ne put opposer a cette époque que quel- ques drames, quelques fables ou ballades de Moralin, d'Y- riarle et de Melendez. Mais ce fut surtout à l'Allemagne que se fit sentir l'impul- sion donnée à la libre pensée humaine par la crise du dix- huitième siècle, à l'Allemagne dont l'immortel Leibnitz, gé- nie universel, dominant toutes les sciences, avait par ses vastes travaux présagé les hautes destinées ; mais qui, dé- daigneuse de la forme, absorbée dans ses méditations, eut besoin qu'un esprit positif et pratique, initié dans les secrets du style, que Lessing préparai le terrain ù ces fruits impa- tients d'écîore. A peine a-l-il lancé quelques écrits et fixé les règles du théâtre, que l'histoire s'harmonise dans les pages de Muller, et la philosophie dans celles de Kant ; que la poésie descriptive trouve son interprète dans Haller, l'a- pologue moral dans Gellert, la fiction romantique dans Wie- land, l'élude de l'homme dans Herder et Richter, pendant que Klopslock, ému d'une sainte extase et porté sur les ailes de la foi, s'élève à la contemplation la plus radieuse, la plus pure, la plus ineffable, et chante en accents inspirés la mort et la résurrection du Sauveur. Son exemple agit puissamment sur les tendances religieuses de l'Allemagne, et provoqua, comme toute œuvre éminenle, la réaction et l'enthousiasme. D'un côté, Gœlhc, génie observateur, s'alla- chant à la nature visible, analysant les impressions de lame dans ses rapports périssables et lerrestres, révèle avec un art