Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
502                LE L1BBE-ÉCHANGE A LYON.
table. Ils admettent, ils tolèrent sa prolongation comme moyen
transitoire, mais en principe, ils la condamnent comme une iniquité.
D'un autre côté, les protectionnistes qui ont la prétention peu mo-
deste de défendre seuls le bien-être des travailleurs, la fortune de
la France, son honneur même — car vous parlez du joug humiliant
des richesses britanniques—pourront-ils et devront-ils jamais ju-
ger que la protection soit suffisante, lorsqu'il s'agit d'intérêts aussi
sacrés ?
    Qu'avez-vous voulu dire en parlant de « nos sources les plus
naturelles de production » et de celles « qui sont réellement na-
tionalisées? Y en a-t-il de réellement nationalisées, qui ne soient
pas naturelles ? Et parmi celles qui ne sont pas naturelles, y en a-
t-il qui ne se croient pas réellement nationalisées, ou en droit de le
devenir ?
    Ah ! Monsieur, que vous auriez épargné de peine, à vous d'a-
bord, et à votre lecteur ensuite, si au lieu de marier la liberté au
monopole, et de les mêler l'un à l'autre pour en faire naître un
je ne sais quoi, sans nom et sans existence réelle, vous aviez fran-
chement adopté un des deux systèmes qui sont en présence. Mais
vous avez essayé d'atténuer et d'affadir ces deux choses incompa-
tibles par des adjectifs émollients et doucereux, et, conséquence iné-
vitable, votre langage manque de franchise et votre pensée de
clarté.
    Vous étayez votre opinion de nombreuses raisons, et nous allons
essayer d'en examiner quelques-unes. Commençons par la première.
 « La protection industrielle, » dites-vous, « est un principe équi-
table, conservateur et progressif, maintenant à chacun le résultat
de ses œuvres contre les tentatives de la cupidité, de la force, et,
enfin, de l'autorité de Caïn».
          Ah! qu'en termes galants ces choses-là sont mises!

   Certes, le portrait est aimable, mais il lui manque la ressem-
blance. Pour nous la protection n'a d'autre but que de faire payer
plus cher les produits protégés ; elle n'a par conséquent d'autre ré-
sultat que de constituer un monopole plus ou moins lourd, au profit
d'un producteur spécial et aux dépens de tous les consommateurs.