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LE LIBRE-ÉCHANGE A LYON. 501 la chose n'est pas facile, et nous aimons mieux penser que cette difficulté vient de notre faute, que de l'attribuer à de la mauvaise volonté de la part de M. D. Quoiqu'il en soit, l'auteur de la lettre « reconnaît que le système de douane qui nous régit est vicieux, funeste, et partial ; que, par des protections exagérées, il force des développements anormaux parmi les industries les moins appro- priées au pays ; qu'il entrave l'essor d'industries nationales, soit en grevant des matières essentielles à leur exploitation, soit en leur attirant les représailles des nations étrangères, soit en isolant les nations des nations, soit en provoquant leur antagonisme par les entraves apportées aux échanges nécessaires à la multiplication de leurs jouissances et de leurs rapports pacifiques. » Et cependant, malgré cette critique pleine de sens, il ne veux pas être confondu avec les libre-échangistes. D'un autre côté, il a peur d'une « liberté qui, amenant l'invasion des marchandises étrangères, causerait une effroyable perturbation dans les intérêts du pays, qui priverait les producteurs de leurs moyens d'existence, et imposerait probablement à notre indépen- dance nationale le joug humiliant des richesses britanniques. « Et cependant M. D. ne veut pas être placé parmi les protection- nist.es. Il admet tous leurs sophismes, l'invasion de nos marchés, l'indépendance nationale compromise, l'humiliation d'échanger des produits contre d'autres produits, et il protesterait cependant contre toute assimilation entre eux et lui. Mais dans quel camp faut-il donc le placer? Que propose-t-il ? Que demande-t-il ? Voilà ce qu'il répond : « Une liberté modérée et intelligente ; alliée à une protection suffisante et équitable, de manière à féconder nos sources les plus naturelles de production, sans tarir celles réellement na- tionalisées. » Ces propositions ont, il faut l'avouer, un aspect débonnaire et respectable qui plaira au premier abord au libre-échange comme à la protection, à condition toutefois qu'il sera permis à l'un et à l'autre de les interprêter à leur guise. Mais qui décidera de la mo- dération ou de l'intelligence de la liberté? Pour les protectionnistes la liberté est toujours immodérée et inintelligente ; pour les libre- échangistes, la protection est toujours nuisible et n'est jamais équi-