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494 DU GÉNIE LITTÉRAIRE DE L'EUROPE. exquis, dans le drame, la ballade, le roman, tous les traits de l'humaine faiblesse, toutes les souffrances intimes du cœur, toutes les luttes d'un impuissant orgueil auquel il prête un magnifique langage; de l'autre, Schiller, son rival, ame vive, énergique et sensible, échappant aux entraves de la terre, puisant sa force dans une sphère plus haute, proteste, au nom du christianisme, en faveur de la dignité humaine, qu'il peint des plus nobles couleurs dans ses immortelles tragé- dies : contraste inslruclif et fécond d'où jaillissent des flots de lumière et qui excite l'émulation ardente de tant de philosophes, d'historiens, d'orateurs et de poètes dans la moderne Allemagne, appelée à son tour à la gloire litté- raire. Gloire lardive, péniblement achetée par des épreuves amères et d'affreuses catastrophes, dont elle s'est noblement relevée, pour marcher maintenant avec la France, avec tout le reste de l'Europe, dans cette voie de concorde et de progrès, de haute et généreuse sympathie qui, unissant entre eux tous les peuples par les liens de la science et du devoir, les mène, sous l'œil de la Providence, vers le but suprême de la vie ! Tel est le vaste champ que, dans ces cinq années, nous avons parcouru ensemble ; tels sont les principaux aspects que nous a offerts cette revue des nations les plus favori- sées du globe. Si j'ai pu saisir quelques vérités, mettre en relief quelques contrastes, établir quelques principes utiles, c'est à votre bienveillance, Messieurs, que j'ai dû l'ardeur qui anime, la patience qui éclaire, le courage qui soutient. Toutefois je n'aperçois que trop l'insuffisance de mes efforts pour une lâche aussi étendue. Bien des lacunes m'ont échappé sans doute qui ont frappé des yeux plus clairvoyants. Sans prétendre les réparer toutes, il en est une que nous comble- rons sans peine si votre studieuse attention seconde, comme toujours, mes efforts. Dans nos appréciations littéraires nous