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                       VOYAGK A VIENNE,                        475

 foi sont dites les œuvres des maîtres! Comme le largo se dé-
ploie, puissant, mélancolique et respecté! comme l'empire
du rhythme se fait sentir! comme chaque instrument dit
bien le mol qu'il a à dire, sous la discipline de la mesure,
pour compléter le sens général! Et combien l'audition grave
 et passionnée, le silence intelligent qui vous entourent,
viennent en aide à votre insuffisance, et vous font découvrir
des inspirations heureuses, des pensées jusque là incomprises,
des aspects nouveaux dans les profondeurs de la science
harmonique! Vous ne pouvez point ne pas sentir et com-
prendre ce qui est si bien senti cl compris autour de vous.
Vous aussi vous éles sous le charme. Vous vous sentez éclairé
par cette communication avec des forces supérieures; vous
en recevez une mystérieuse impulsion, comme quand vous
vous rattachez par un fil à cette puissante machine qui vous
impressionne, qui agite vos nerfs, et vous secoue fortement,
et fait jaillir des étincelles de votre front!
   Mais la musique en ce pays ne se lient pas seulement sur
les hauteurs savantes et dans les rangs élevés de la société ;
elle est toute à tous; elle est dans la rue, sur les boulevards
où les passants chantent sous les arbres comme les oiseaux
sous les feuilles, car c'est leur instinct à tous! Du magasin et
de l'arrière-magasin ; de la boutique et de l'échoppe; du
salon, du café et de l'église sortent de divers instruments
diverses mélodies, tandis que la valse ardente de Strauss,
échappée de tous les pianos, s'élance en notes orageuses par
toutes les croisées! Puis, le soir, après le travail de la journée,
souvent mêlé de chœurs dans les ateliers, les ouvriers de
toutes professions vont au cabaret — le cabaret est de tous
les pays — emportant avec eux la famille nombreuse des
instruments en cuivre : cois et cornets, trompettes et trom-
bones , clairons, ophicleïdes et buccins, tout cet airain
sonnant, qui mêle peut-ôlre un peu trop sa grande voix Ã