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474                       VOYAGE A VIENNE.

seulement par ses faux, qui ont tondu si longtemps nos prés
français, lesquels maintenant s'affranchissent chaque jour de
l'acier tudesque (1).
   J'avais parcouru rapidement Laybach, la petite ville du
grand congrès où l'Europe acheva de mettre ordre à ses
affaires en revenant de ses troubles; Cilly, l'antique capitale
de la Norique; Gratz, où la duchesse de Berry élève obscu-
rément, sous un nom nouveau, sa nouvelle famille, si fort
niée et si bien démontrée tout à la fois pendant la captivité
de Blaye !
   De celte dernière ville je dirai quelque chose, non point
à cause de sa position au pied du Scholsberg, sur les deux
rives d'une rivière rapide; non point pour son musée, ses
boulevards, sa bibliothèque, ni sa chapelle, qui renferme le
tombeau de je ne sais quelle majesté en poussière, et qui
ressemble assez à la chapelle sépulcrale des Médicis, à
Florence. J'en parlerai parce que c'est là que s'est révélé à
moi, dans toute sa vivacité, le goût national pour la musique.
J'ai dit le goût, mais c'est quelque chose de plus grave et de
plus profond que ce que nous entendons par ce mot. De
chaque rue, de chaque maison, de chaque étage sortent des
mélodies. Dans ces contrées, la musique est le plus doux, le
plus sérieux, le plus constant plaisir de la famille et du foyer.
La musique, c'est ce qui reste de l'éducation, alors môme
qu'il n'en reste pas autre chose; c'est ce qui reste de la jeu-
nesse quand il n'en reste plus rien. Et ce n'est point là un
simple et tiède enseignement d'école; c'est la passion innée;
c'est la tradition de nature qui se môle aux souvenirs des
vieux pères. Il faut entendre avec quelle sincérité et quelle

  (i) On fabrique aujourd'hui très bien les faux (le SI)'rie à Saiul-Etiennc,
comme on y fait aussi avec succès toutes sorles d'excellents outils d'Alle-
magne.