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                      VOYAGE A VIENNE.                      469

   Même il est prudent de faire viser le susdit passeport à
son excellence M. le comte d'Appony, ambassadeur d'Au-
triche à Paris.
   La précaution est bonne si vous êtes négociant ; mais si
vous étiez artiste ou homme de lettres, qui pis est, elle serait
indispensable.
   Que si pourtant, dans une circonstance donnée, la con-
fiscation de Cracovie aidant, par exemple, on se rencontrait
encore quelques centaines de mille à faire route ensemble,
selon l'ancienne méthode, peut-être pourait-on se dispense!
de la formalité, en ce cas.
   Pour moi, simple et humble unité, je suis parti de France,
pensant que l'Italie suffirait à mes convoitises de voyageur,
et je me suis trouvé grandement empêché, quand, arrivé à
Triesle, après toutes sortes de marches capricieuses, la tenta-
tion d'aller à Vienne s'est tardivement déclarée en moi.
    « Vous deviez y songer quand vous êtes parti de France, «
me disaient ces précautionneux Autrichiens qui pensent
qu'on a leur lenteur réfléchie et leur calme prud'homie en
toutes résolutions.
   Je répondais :
   « Excusez-moi; vous connaissez toute la légèreté et l'im-
prévoyance du caractère français.... »
   Cela flatta l'Autriche et me valut un signe de tête d'appro-
bation et de supériorité.
   Ce n'était pas encore un visa.
   J'ajoutai :
   « Après tout, voyez-vous, je ne suis poinl artiste, pas
trop homme de lettres, et de plus, vous trouverez peut-être
que je suis assez notablement recommandé, comme vous
allez voir.... »
   J'ouvris mon portefeuille.
    Les lettres de vive et honorable recommandation, portant