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464 MONOGRAPHIE HISTORIQUE ses remontrances, un certain homme en habit court, nommé frère Humbert Aubry se lève, et, interrompant le prélat, ré- pète insolemment la réponse de l'abbesse. Ce frater était un moine défroqué d'une rare impudence, vivant dans l'enclos des religieuses, instigateur et soutien de leur rébellion. L'évêque indigné ordonne son arrestation. Grande rumeur de ces dames qui, oubliant lout-à -fait le res- pect dû a la dignité épiscopale, sortent en tumulte de l'é- glise et se retirent avec leur insolent conseiller dans l'enclos du monastère. L'évoque fait constater, par le ministère d'un notaire, cet acte d'insubordination el d'irrévérence ; puis, il rend une ordonnance qui prononce la clôture forcée de l'abbaye, dans un délai de trois mois, sauf à statuer ultérieurement sur la coupable conduite des religieuses. Ce délai expiré, Jean de Passelaigue, persistant avec vi- gueur dans ses actes de répression, approuvés du général de l'Ordre, déclare la clôture forcée, sous peine d'excommunica- tion contre quiconque y fera obstacle. Lui-môme va sur les lieux pour l'exécution de celle mesure. Ayant trouvé portes closes, il fait interpeller l'abbesse à haute voix, sans obtenir de réponse. Pendant qu'on rédigeait le procès-verbal de clôture, comparait un nommé Arbalesle, autre factotum de la communauté, lequel déclare, au nom de l'abbesse, qu'il ne reconnaissait pas le droit de l'évêque ; qu'il se moquait de l'ordonnance et qu'il y faisait opposition. Cependant, le général de l'ordre, Pierre de Nivelle, ayant été promu au siège de Luçon, le cardinal de Richelieu de- vint abbé de Citeaux. Ce redoutable cardinal, approuvant comme son prédécesseur toutes les mesures prises par l'é- voque de Belley, concernant l'abbaye de Bons, ordonna sa clôture forcée. Les religieuses, saisies de crainte, se décidè- rent enfin à faire l'acquisition d'une maison à Belley, où