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DU BUGEY. 459 à la* chasse avec les soldats, tous l'arquebuse sur l'épaule. Les moines ne sortaient que sur de grands chevaux et des meilleurs, selon la permission de M. l'Abbé, toujours bien armés, avec l'épée et le pistolet et souvent la carabine; on les voyait ordinairement en cet équipage rouler dans le pays. Ce beau train dura près de huit à neuf ans, L'évoque lâcha quelques menaces d'en avertir le parlement et le gou- verneur pour faire cesser ce scandale, mais les moines se fesaient plus blancs de leurs privilèges que de leurs robes (1), et menaçaient de la puissance de M. l'Abbé, qui, comme un redoutable lléau, tenait en frayeur toute la noblesse, l'église et le peuple du pays. Et pour marque de sa violence, n'alla- t-il pas jusqu'à attenter sur la personne du gouverneur qui eut un homme tué à ses pieds, comme il est rapporté dans le Mercure français (2). Le roi, pour punir cet attentat, ordonna que la citadelle de Bourg fut rasée; le tyran en fut déniché ainsi que de son abbaye. Depuis, retiré parmi les huguenots du Languedoc , il fut assassiné par ceux mômes de son parti, au siège de Montauban. L'abbaye, ôlée de commende, fut remise entre les mains d'un abbé profès de l'Ordre môme, qui, du moins en ôla le haras et le scandale. » L'ancienne abbaye de Saint-Sulpice s'élevait au sein de ces hautes montagnes qui dressent leurs rochers sur la gorge de Saint-Rambert aux Hôpitaux, et qui s'enchaînent aux monta- gnes de Valromay. De belles forêts de hêtres et de sapins, des clairières parsemées do plantes aromatiques, un air vif, un Apre senteur de végétation caractérisent celte région alpestre ( i ) Les moines de l'abbaye de Cileaux, appelés B e r n a r d i n s , étaient velus d'une robe blanche avec mi scapulaire n o i r ; bois du eloilre ils por- taient une robe noire ; ils ollieiaient en tunique de laine blanche avec un capuchon de même couleur. (->.) Tome I I , page r3S.