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DU BUGEY. 455 Au temps où la désorganisation de ce Prieuré-Char- treuse le mit à la disposition du comte Amédée III , ce prince, marié depuis plusieurs années à Mathilde, fille de Hugues, comte d'Albon, avait la douleur de voir cette union stérile. 11 désirait d'autant plus ardemment un h é - ritier que son beau-frère, Louis-!e-Gros, roi de France, convoitait ses états et entretenait, avec quelques grands de sa cour , des intelligences pour s'en emparer , le cas échéant. Une lettre de Pierre-le-Vénérable à ce comte nous apprend que celui-ci en conserva longtemps un amer ressentiment (1). « La comtesse aussi, dit Paradin, tous les jours et toutes les nuits, étoit en de continuelles prières pour impélrer la grâce d'avoir lignée. Quoi voyant le comte, fit vœu solennel que s'il étoit le plaisir de Dieu de lui donner des enfants, il feroit bastir un monastère en l'honneur du glorieux saint Sulpice, que la comtesse avoit en singulière dévotion ; et, peu de temps après, la dicte dame enfanta un fils qui fut nommé Humberl. » Pour l'accomplissement de ce vœu, le comte, jaloux d'avoir dans ses états une maison de l'Ordre du docte et melliflue saint Bernard , fil venir de l'abbaye de Pontigny , fille aînée de Clairvaux, quinze religieux auxquels il céda le Prieuré dont nous avons retracé les vicissitudes, pour y fonder une abbaye sous le vocable de saint Sulpice. En 1130, ces moi- nes, suivant la chronique, les uns dans la fleur de l'âge, les autres courbés par les ans et les macérations du cloître, vin- rent dans les montagnes du Bugey, conduits par un prieur nommé Bernard, et s'établirent d'abord dans l'ancien Prieuré, ( 0 Celte lettre est dans les Preuves de l'hist. de la maison de Savoie, par Guichenon, paçe 3fi.