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A PROPOS DE QUELQUES COMÉDIENS D'AUJOURD'HUI. LETTRE A M. I.E DIRECTEUR DE LA Revue du Lyonnais. Je ne sais, Monsieur, si mieux que moi vous vous rappelez les éloquentes paroles do ce philosophe de l'antiquité qui reprochait au peuple romain de préférer, aux tragédies de Senéque et aux co- médies de Plaute, les jeux sanglants du cirque et les combats de gladiateurs. Quoique qu'il en soil, du reste, de ces paroles que ma mémoire n'a pas su conserver, il m'a toujours paru à moi que l'avertissement qu'elles renferment, pouvait être adressé aussi, et avec autant de raison, à la foule qui remplit nos théâtres. Nous n'avons pas, il est vrai, comme le peuple roi, les lions d'Afrique qui déchirent les saints vieillards, et les vierges chrétiennes, sous les yeux de cent mille spectateurs , ni les duels sans merci du Mirmillon et du Rétiaire ; nous avons bien aulre chose que cela, nous avons, au mi- lieu de nous, des hommes faits comme nous, vêtus comme nous, dont rien au premier abord n'établit la différence avec les autres hommes, et qui se lèvent tous les malins avec cette idée accablante, qu'ils ont accepté pour chaque soir de leur vie l'obligation de faire rire la multitude. Ces hommes-là n'ont pas d'autre rôle à remplir dans la société; qu'ils aient des cheveux blancs, que leur père soit mort le jour même, qu'ils aient conduit le matin leur jeune fiancée à l'autel, peu importe, leur devoir de chaque jour les appelle Ã