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i38                 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

 rilées ? Pour répondre à cette question, nous sommes forcés de dis-
 tinguer entre les intentions de l'auteur et son Å“uvre ; les unes sont
 excellentes, nous n'en pouvons douter ; /'autre est au moins mala-
 droite. Voici les principales idées qui forment le fond do cette bro-
 chure. La magistrature est mal recrutée de nos jours. Tout y
 est donné à la camaraderie, à l'intrigue, aux influences électorales.
 Le talent sans protection ne peut y percer. Delà de grands incon-
 vénients et de grands vices. Les magistrats sans vocation ou sans
 lumières négligent leurs devoirs ou ne peuvent les remplir digne-
 ment. Et d'où vient ce désordre ? du mode de recrutement. Au
 mépris des règles les plus sages, la présentation des candidats ne
 se fait plus que par les présidents des cours royales, sans que les
 compagnies soient consultées, sans qu'aucune condition préalable
 de moralité ou de savoir soit exigée. Tout est laissé à l'arbitraire
 d'un homme qui devient dès lors le point de mire de toutes les ma-
 nœuvres séductrices, et qui habituellement doit y succomber. La
 présentation faite, le ministre choisit. Mais là aussi , arbitraire
complet ; absence complète de garanties ; toute-puissance des dé-
 putés, qui imposent leurs créatures à un ministère qui a ^besoin
d'eux ; ainsi, il est impossible d'arriver à une position quelconque
dans la magistrature, sans une double protection : l'une auprès du
président de la cour royale du ressort ; l'autre auprès du ministre ;
talent et vertus ne sont comptés pour rien ; on ne choisit pas le
plus capable ni le plus digne, mais le mieux protégé. Pour gué-
 rir les maux causés par cet ordre de choses, c'est le mode de re-
crutement qu'il faut changer. Au principe de l'arbitraire, il faut op-
poser le seul principe vraiment moral, le concours. Presque tous
les grands corps de l'état sont entrés dans cette voie. Toute posi-
tion élevée dans l'armée, dans la marine, dans l'université se con-
quiert par une lutte loyale. La magistrature doit imiter cet exemple.
Déjà, à la fin de la troisième et de la quatrième année du cours de
droit, on couronne les élèves dont quelque travail distingué a révélé
le talent ; voilà le premier pas. Qu'on assure à ces jeunes gens d'é-
lite la préférence sur leurs rivaux pour la nomination aux places
vacantes ; ou plutôt qu'on institue de nouveaux concours, assez dif-
ficiles pour décourager les timides, assez complets pour mettre en