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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 439 lumière toutes les qualités des candidats, et l'on aura des magis- trats éclairés et graves, dont la supériorité, solennellement recon • nue, ne pourra plus être contestée. On aura aussi des magistrats moraux ; car le travail assidu, qu'exigera cette préparation labo- rieuse , sera éminemment propre à les préserver , dans leur jeu- nesse, des écarts qu'entraîne si naturellement la vie dissipée du monde. Si M. Bellin s'était borné à exposer ces idées avec la mesure d'un homme modéré, dans un langage simple et ferme, peut-être la sus- ceptibilité de ses collègues n'eut-elle pas moins été blessée , car les compagnies sont jalouses de leur honneur, et n'aiment pas qu'on dévoile leurs misères ; mais, sans aucun doute , tous les esprits désintéressé^ auraient applaudi à la réforme proposée. Nous faisons la part de l'exagération ; nous ne croyons pas que le sombre tableau tracé par M. Bellin soit exact ; évidemment il a vu les choses en noir ; et, Dieu merci, ce n'est pas dans notre ville que les magistrats honorables sont rares. Mais il s'agit ici de principes. Lorsque l'existence de causes funestes est bien constatée, il ne faut pas at- tendre que les effets se soient produits ; or, l'on ne peut nier que le désordre, que l'arbitraire, que l'oubli des lois ne soient des sour- ces fécondes de vices. Nous ne savons pas si le plan que propose M. Bellin est le meilleur; nous trouvons même qu'il traite bien lé- gèrement les difficultés d'exécution. Toutefois, c'est une pensée généreuse el louable que de réclamer Citte application nouvelle du grand principe de notre siècle, à chacun selon ses œuvres et ses mérites. De l'avis de lous les hommes sérieux, la fortune et la pa- renté jouent un trop grand rôle dans le choix des jeunes magistrats. Le concours serait un moyen assuré d'écarter les incapables et les indignes; il rendrait au mérite modeste la part que lui est due dans les honneurs de la société ; et, en définitive, si la justice est né- cessaire quelque part, c'est à coup sûr lorsqu'il s'agit de choisir ceux qui devront en être les dépositaires et les représentants dans ce monde. Mais lorsqu'on a une bonne cause, et précisément parcequ'ou a une bonne cause, il faut craindre de la compromettre. C'est ce que M. Bellin n'a pas senti. Il a compromis la sienne par un style