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426                   CHALON-SUR-SAÔNE.

troisième plan, la promenade de Glorielle réduite, hélas ! à
quelques arbres ; sur l'arrière-plan, enfin, à une vaste dis-
tance qui est presque l'infini, le quai, pimpant et frais de
Saint-Cosme , le long du canal, semblant faire partie de
l'enceinte de celle place, digne d'une capitale. Tout est là,
en fait de variété monumentale ; palais grec à l'état de pasti-
che, il est vrai, statue, obélisque ; cet horizon est immense,
c'est un véritable effet de lanterne magique, tels qu'on les
voit en Italie où les monumenis se touchent, se heurtent, se
coudoient, et ne se confondent pas, où toujours les arbres,
les édifices de la nature disent qu'a colé de l'art des hom-
mes, il y a aussi un art dont Dieu seul a le secret. —Et puis
encore, tenez compte de la lumière qui ruisselé sur cet es-
pace, qui joue avec les profils des monumenis, de cet air qui
circule au milieu de l'h >rizon, semez sur tout ce peuple qui
travaille ou folâtre sur cette place, les reflets de l'aurore ou
les teintes vermeilles du soleil couchant ; choisissez pour aller
vous initier à ce ravissant aspect les jours où notre limpide
soleil semble vouloir rivaliser avec celui de l'extrême midi,
où la population chalonnaise s'épand pleine d'effusion, d'a-
nimation et de vie; et dites-moi si beaucoup de grandes
cités ne seraient pas fières de posséder une place de ce carac-
tère, de celte élendue, de cette noble ordonnance, de cette
merveilleuse variété, de ces admirables contrastes. — Je ne
sais plus quelles vont être les destinées de cetle place que
traversait jadis un bras de la saune, el appelle aujourd'hui à
devenir le débarcadère central de la voie de fer de Paris à
Lyon et de celle d'Alsace. Déjn l'ancien bassin du canal et le
plus grand nombre des arbres si magnifiques el si regretta-
bles de la promenade de Glorietle, ont cédé leur place aux
nouveaux maîtres du terrain ; ces beaux troues, ces riches
ombrages, sous lesquels se tenait la foire renommée de la Saint-
Jean, on les a impitoyablement estropiés, assommés, dissipés.